Archives mensuelles : mars 2018
Dessins et gribouillages dans les manuscrits de la Trinité
À l’heure d’achever le catalogue des manuscrits provenant du monastère de la Trinité de Chalki, et alors que nous envisageons de manière de plus en plus précise la rédaction d’un second volume, consacré à l’histoire de la bibliothèque, nous vous proposons de présenter quelques usages particuliers – et sympathiques – auxquels les manuscrits ont pu donner lieu au cours des siècles.
Commençons par l’un des principaux divertissements du catalogueur (qui en a souvent bien besoin) : les graffitis, gribouillages, griffonnages, essais de calame, esquisses ou véritables dessins dont des lecteurs plus ou moins intéressés par le texte – et plus ou moins doués –, ont bien souvent orné les marges des livres.
Au mieux les catalogues en font d’habitude une rapide mention, rarement davantage : et certes, il ne s’agit pas des éléments les plus nobles des manuscrits. Mais leur côté souvent attendrissant, parfois loufoque, mérite bien qu’on leur accorde aujourd’hui un peu d’attention.
En voici quelques exemples, tous tirés de manuscrits provenant du monastère de la Trinité sur l’île de Chalki (dans la mer de Marmara, au large d’Istanbul).
Si les représentations humaines dominent, sous une forme tantôt réaliste, tantôt stylisée,
… on trouve aussi plusieurs animaux : oiseaux, chiens, chevaux, lapins, etc.
…et quelques objets, comme ici un bateau, des ciseaux ou des armoiries.
Notons que les ciseaux semblent à l’origine reproduire purement le filigrane de la feuille (que le lecteur avait donc bien observé!).
Souvent, ce sont des motifs géométriques, plus ou moins travaillés.
Naturellement, il est particulièrement délicat, voire impossible, de dater la réalisation de ces dessins. Pour les plus récents, il sont attribuables à des lecteurs de la bibliothèque du monastère de la Sainte-Trinité de Chalki, fondé vers 1540 et dont les manuscrits sont demeurés sur place jusque dans les années 1930. Mais ils peuvent aussi avoir été effectués à une époque antérieure, car la bibliothèque s’est formée en partie par l’acquisition de manuscrits anciens.
Dans quel type de livre les trouve-t-on ? D’une manière générale, c’est plutôt dans les livres d’usage fréquent, en particulier dans les psautiers (qui ne suscitaient manifestement pas le même respect que les manuscrits du Nouveau Testament, par exemple). Les pages entièrement laissées blanches sont bien évidemment l’endroit de prédilection des auteurs de ces œuvres mais il n’est pas rare qu’ils aient aussi laissé leur trace directement dans les marges.
Comme il faut s’en douter, les livres d’usage scolaire apparaissent en bonne position. Voici par exemple un manuscrit des Sept contre Thèbes d’Eschyle (2e moitié du 15e s.) utilisé – manifestement avec beaucoup de succès – dans un cours de littérature classique.
Mais il n’y a pas de règle stricte en la matière : un petit dessin peut apparaître ici ou là au détour d’un luxueux manuscrit patristique !
On l’imaginera aisément, c’est toujours un bonheur de découvrir l’un ou l’autre de ces gribouillages au hasard du catalogage. Ils témoignent d’un aspect des lecteurs des temps passés souvent difficile à cerner autrement et, en un sens, nous les rendent parfois étonnamment familiers.
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Pas de bal pour les prétendants
Khaled Ali
L’avocat et militant du parti Pain et liberté (حزب العيش والحرية) fondé en 2013, est apparu dès le printemps 2017 comme le candidat le plus crédible de l’opposition. Candidat malheureux en 2012, sa popularité s’est envolée en 2016, lorsque celui-ci a saisi le Conseil d’État dans l’affaire des îles Tiran et Sanafir et obtenu l’annulation de la décision de rétrocession à l’Arabie Saoudite. Sous le coup de procédures judiciaires (il est accusé d’avoir fait un bras d’honneur devant le Conseil d’Etat), il s’est finalement retiré de la course le 24 janvier, dénonçant la non transparence du processus électoral. Son procès en appel, initialement prévu pour le 7 mars, a été reporté.
Sa campagne de collecte de procurations en janvier a permis de mobiliser d’importants réseaux et groupes militants, qui ont réussi à rassembler une dizaine de milliers de procurations.
Ahmed Chafiq
L’ancien premier ministre de Hosni Moubarak et rival de Mohamed Morsi lors de l’élection présidentielle de 2012, annonce son intention de candidater le 29 novembre 2017, depuis son exil aux Émirats Arabes Unis. Il est arrêté à son arrivée en Égypte début décembre et renonce officiellement à présenter sa candidature le 7 janvier 2018, suite à d’importantes pressions politiques exercées à son encontre et à celle des militants de son parti, le Mouvement patriotique égyptien (الحركة الوطنية المصرية).
Ahmed Konswa
Le colonel Konswa, qui ne se réclame d’aucun parti, annonce son intention de candidater aux présidentielles le 29 novembre, derrière le hashtag هناك امل (Il y a de l’espoir). Il publie en ligne trois vidéos. Des extraits de la première, dans laquelle il déclare solennellement sa candidature, sont largement repris dans les médias égyptiens : https://www.youtube.com/watch?v=DYN7O-fzHOo
Le militaire de 42 ans est placé en détention provisoire peu après cette annonce, avant d’être condamné à six ans de prison pour violation des règles militaires relatives à l’expression d’opinions politiques.
Mohammed Anwar al-Sadate
L’ancien député, dirigeant du parti Réforme et du développement Misruna (حزب الإصلاح والتنمية مصرنا) et neveu de l’ancien président égyptien, a évoqué la possibilité de se présenter à l’élection dès l’été 2017. Il a finalement annoncé qu’il renonçait à sa candidature lors d’une conférence de presse le 15 janvier.
Abdel Fattah El-Sissi
Le président sortant a annoncé sa candidature le 19 janvier, à l’issue de la conférence de trois jours intitulée « Histoire d’une nation » (حكايات وطن) retraçant les grandes « réalisations » de son premier mandat. https://www.youtube.com/watch?v=ASgFU5qm4MM
Sami Anan
Le lieutenant général s’est déclaré candidat le 19 janvier, quelques jours avant la date butoir du dépôt des candidatures et quelques heures après l’annonce du président El-Sissi. Chef d’état-major (2005 – 2012) et membre du Conseil suprême des forces armées (CSFA) (février 2011 – juin 2012), il a été placé en détention provisoire dès le lendemain avant d’être jugé non-éligible pour violation des règles militaires, au même titre qu’Ahmed Konswa. Son conseiller de campagne, Hisham Geneina, ancien responsable de l’Autorité du contrôle administratif égyptien, a été la cible d’attaques. D’autres personnalités qui l’ont soutenu ont été également arrêtés comme Abdel-Moneim Abou El-Fotouh, ancien candidat à la présidentielle de 2012.
D’autres personnalités comme Mortada Mansour, député et président du club de football de Zamalek, ont annoncé leur intention de candidater, avant de se retirer.
Moussa Moustafa Moussa
Le leader du parti al-Ghad (حزب الغد) a déposé sa candidature auprès de l’Autorité nationale des élections le 29 janvier, seulement 15 minutes avant la clôture des dépôts. Partisan du président El-Sissi, il avait participé à sa campagne électorale en 2014 et se mobilisait depuis plusieurs mois en faveur de sa réélection.
Conditions d’éligibilité
Être de nationalité égyptienne et né.e de parents égyptiens. Le candidat, ainsi que ses parents et son conjoint ne peuvent avoir une autre nationalité.
Chaque candidat doit être âgé d’au moins 40 ans le jour de l’élection. Il doit être diplômé de l’enseignement secondaire. Il doit être en bonne santé et ne pas souffrir de maladie physique et/ou mentale qui pourrait entraver l’exercice de ses fonctions. Il ne doit pas avoir été condamné par la justice.
Afin de déposer sa candidature auprès de l’Autorité nationale des élections, chaque prétendant doit avoir collecté le soutien d’au moins 20 députés, ou 25 000 citoyens venant de 15 gouvernorats différents, avec un minimum de 1 000 soutiens par gouvernorat.
Rencontres Internationales Tourismes et Arts à Essaouira
Le Shaker (hors-série 1)
Le Shaker poursuit sa route avec un premier hors-série consacré au romancier Martin Page. Pour ceux qui, comme moi, ne connaissent pas ou peu cet auteur, voici une brève présentation de trois de ses ouvrages :
Son premier roman, Comment je suis devenu stupide, publié en 2001, a fait l’objet d’une adaptation en bande-dessinée par l’auteur et le dessinateur Nikola Witko dès 2004.
Son dernier livre, Les animaux ne sont pas comestibles, est le récit du parcours de l’auteur vers le véganisme, nécessairement marqué par la question animale.
Histoire de zombies post-apocalyptique sous le pseudonyme de Pit Agarmen dont le point de départ n’est pas sans rappelé Je suis une légende de Richard Matheson, La nuit a dévoré le monde vient d’être porté à l’écran par Dominique Rocher. Vous en trouverez ci-dessous deux critiques sur Youtube.
Grand merci aux collègues du Shaker de susciter des curiosités.
Alike
La petite merveille poétique ci-dessus a été réalisée par Daniel Martinez Lara et Rafa Cano Méndez dont je vous ai déjà signalé Changes dans une précédente chronique sur la philosophie dessinée. Ce merveilleux dessin animé espagnol est également visible sur Youtube.