À l’instar de tout le pays, l’émotion a saisi le monde universitaire français face aux informations qui nous parviennent du Proche-Orient. Dans la communauté scientifique comme ailleurs, cette émotion a conduit certains à s’identifier aux victimes du « jihadisme pogromiste » du Hamas ou aux populations civiles de Gaza, soumises à des bombardements indiscriminés. Cette sidération s’est accompagnée pour nombre d’entre nous de la rage impuissante d’être relégués au rang de spectateurs d’une tragédie que toutes les recherches de terrain pouvaient laisser prévoir, manifestant la faillite de la raison autant que celle de la diplomatie devant la violence.
Les membres de la direction du GIS MOMM condamnent unanimement et avec la plus grande fermeté ces attaques meurtrières, toute apologie du terrorisme et toute incitation à la haine et à la violence. Nos disciplines nous enseignent que la réflexion se construit dans la distance et dans le temps, que les processus prennent un relief particulier selon l’éclairage auquel on les soumet et le point de vue d’où on les observe. Si le temps de l’événement n’est pas celui de la recherche, la recherche se doit de comprendre l’événement.
Les membres de la direction du GIS MOMM appellent solennellement l’ensemble de la communauté scientifique, diverse par ses disciplines, ses traditions académiques, ses approches et les histoires personnelles de ses membres à se départir des réactions intempestives, des postures et des polémiques stériles. Nous ne serons audibles, et ne pourrons défendre nos libertés académiques qu’à la mesure de notre capacité d’écoute, de dialogue et d’empathie. En ces temps difficiles, nous avons besoin de scientifiques capables, par leur expertise, d’éclairer les événements en cours et de donner un cadre d’analyse. Nous avons aussi besoin qu’ils puissent se faire pédagogues et médiateurs.
Frédéric Abécassis, Sandra Aube Lorain, Choukri Hmed, Elise Massicard