Aswat. Création et écritures scientifiques alternatives, du 23 au 25 novembre 2022

Pensé comme un espace de rencontre entre le monde de la recherche, le monde de la création sonore et visuelle et le public, َAswat vise à montrer et discuter des œuvres réalisées par/avec des chercheurs de toutes disciplines ainsi que des documentaristes travaillant dans et sur le monde arabe.

Chaque après-midi, de 13h à 16h30, les ateliers organisés à l’IESAV (USJ) permettront d’échanger autour de projets de podcast et de films en cours de réalisation. A partir de 17h30, les films sélectionnés par le comité seront projetés au théâtre Tournesol, en présence des réalisateurs et suivis d’une discussion avec le public.

Accès libre et gratuit dans la limite des places disponibles

Ateliers accessibles gratuitement sur pré-inscription  : aswat.festival@gmail.com

Comité de sélection 2022 : Danielle Davie (réalisatrice et anthropologue-cinéaste), Rana Eid (réalisatrice sonore et visuelle), Anna Poujeau (Anthropologue, Ifpo-CNRS), Hady Zaccak (réalisateur)

Programme

Mercredi 23 novembre

13h00 –16h30  IESAV

Atelier animé par Pascale Feghali (IESAV, USJ) autour du projet de film :

A nos amies | Ariane Papillon (Doctorante en recherche & création à l’Université Paris VIII)

Quand j’avais 16 ans, il n’y avait pas de smartphone, et on n’était pas féministes.

A nos amies est un film tourné au téléphone portable par Louanne, Rita, Caroline et Nour, des jeunes filles françaises et tunisiennes. Elles ont entre 16 et 18 ans, soit une dizaine d’années de moins que moi. Elles ont accepté ma proposition d’entrer en contact par binômes et d’entretenir une correspondance numérique et filmée, pendant environ deux ans. Les jeunes femmes d’A nos amies se servent d’un outil, le smartphone, qu’elles connaissent déjà, qu’elles maîtrisent. Leur portable est un lieu d’intimité et l’espace de leurs conversations virtuelles, mais aussi le moyen d’une prise sur le monde. A nos amies raconte les chemins d’une émancipation, à un âge où l’on grandit vite et où l’on s’affirme. Cette émancipation est aussi racontée par l’évolution de leur manière de s’approprier le dispositif, la caméra, le film que nous faisons ensemble.

Ce film est réalisé par Ariane Papillon dans le cadre de son doctorat de recherche-création en cinéma, dirigé par Dork Zabunyan (laboratoire ESTCA – Université Paris VIII). L’objet de son travail de thèse est une enquête théorique et pratique sur les protocoles de partage de la mise-en-scène entre documentaristes et personnages, à l’ère du numérique. Le film est réalisé grâce à l’aide de plusieurs dispositifs d’aide au documentaire de création : la bourse Brouillon d’un rêve, écritures émergentes de la SCAM (2020), l’aide à l’écriture du Fonds d’Aide aux Expériences Numériques du CNC (2021), la résidence des Storygraphes (2020), la Villa Salammbô (2022) et le programme d’accompagnement Les Petites Caméras (2022).

17h30 – 20h00 Théâtre Tournesol

Je suis le peuple

Un film d’Anna Roussillon

France | 2014 |112 min | vostfr

Production : Haut les mains production | Distribution : Andanafilms / Adav

En janvier 2011, en Egypte, les manifestations anti-gouvernementales rassemblent des dizaines de milliers de personnes dans les rues du Caire, tandis que les villageois des campagnes du sud suivent les évènements de la Place Tahrir via leurs écrans de télévision et les journaux. Du renversement de Moubarak à l’élection et la chute de Mohamed Morsi, le film suit ces bouleversements politiques du point de vue d’un village de la vallée de Louxor. Entre espoirs et déceptions, le changement se fait attendre.

Discussion animée par Elie Yazbeck (IESAV, USJ)

Jeudi 24 novembre

13h00 – 16h30  IESAV

Atelier animé par Michel Tabet (CNRS) autour des projets de podcast et de film :

Manger le pouvoir | Julie Métais, Sahar Aurore Saeidnia

La série documentaire « Les sens de l’enquête. Carnets sonores » proposée par Julie Métais (anthropologue, post-doctorante au Laboratoire d’anthropologie des mondes contemporains à l’Université libre de Bruxelles) et Sahar Aurore Saeidnia (sociologue du politique, chercheuse associée à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman – UMR 7310 CNRS / AMU) relate de manière réflexive, sonore, narrative et vivante à un public élargi le travail ethnographique dans son importante dimension sensible (et pas seulement théorique et conceptuelle). L’objectif est de faire entendre combien le travail d’enquête et de recherche en sciences sociales relève d’un ensemble de pratiques, de relations et d’expériences qui engagent les sens, le corps, les émotions quel qu’en soit l’objet. Il s’agit d’aborder, grâce au récit sonore de la recherche « en actes », la manière dont le sensible imprègne l’enquête et plus largement le travail ethnographique. Chaque épisode se base sur un projet de recherche/ un.e chercheur/chercheuse distinct.e travaillant sur un terrain méditerranéen, avec des contextes d’enquête et des démarches différents.

L’épisode présenté dans le cadre de cet atelier est en cours de montage. Il explore la part du sensible dans les recherches de Marine Poirier, politiste qui enquête sur les élites politiques yéménites installées au Caire. Pour cet épisode, nous avons cuisiné ensemble chez elle à Marseille. Elle nous a décrit les repas pris en compagnie des élites yéménites, à Sanaa et au Caire où la plupart vivent désormais en exil. Lors de ses réguliers terrains au Caire, elle nous envoie également des enregistrements sonores effectués avec son smartphone (cafés où se retrouvent ces élites pour jouer aux dominos, chants, ambiances de rue), qui seront intégrés au montage.

Bala Seccar | Emmanuelle Durand

Bala seccar s’installe dans l’étroitesse de deux échoppes de vêtements usagés, dans un coin de Beyrouth. Blessing, Mostafa et leurs client.e.s y débattent du cours de la livre libanaise, du prix de la balle de fripes, de celui du kilo de sucre, des pénuries d’essence et des lendemains pour leurs enfants. Entre coupures d’électricité et éclats de rire, ils restent debout dans un pays à genou.

Ce projet de film prend racine dans un questionnement plus large entrepris par Emmanuelle Durand (doctorante en anthropologie à l’EHESS) en 2018, dans le cadre d’une recherche sur  les  pratiques  de commerce  et  de consommation du vêtement usagé au Liban, un pays où elle vit plusieurs mois par an depuis 2012 et a enseigné à l’Académie Libanaise des Beaux-Arts.

Dans  une  démarche d’anthropologie visuelle et de réflexion sur les nouvelles formes d’écritures documentaires, j’ai rapidement intégré le son et l’image aux moments de terrain afin de documenter les gestes  de travail et  de  recueillir  la  parole.  Cette  exploration m’a ainsi conduite vers des femmes et des hommes, pour la plupart venu.e.s d’ailleurs par contrainte plus souvent que par choix. En partageant leur quotidien au travail durant  des années, j’ai pu mieux saisir les ressorts qui leur permettent de mettre du pain sur la table et de se faire une place dans un pays qui n’est pas le leur. Leurs histoires de vies dans les restes et les excès de la mondialisation mettent la lumière sur le paradoxe entre, d’un côté, une  circulation effrénée des marchandises et, de l’autre, une migration contrainte des individus.

17h30 – 19h00 Théâtre Tournesol

Living Water

A film by Pavel Borecký

République Tchèque, Suisse, Jordanie | 2020 | 77 min |ar-en

Production : Anthropictures, Pandistan, Institute of Social Anthropology UNIBE, Center for Strategic Studies UJ – produced by Pavel Borecký and Veronika Janatková in partnership with Art Salam (Paris) | Distribution : Antipode Sales and Distribution

The vibration of machines echoes across the desert. Ever since Jordanian nomads settled in the spectacular landscape of Wadi Rum, they grew dependent on complex water infrastructure. The source is right below their feet, yet they struggle to meet basic needs.

In the meantime, deep water extraction feeds private large-scale farms, animates visionary development and secures the growing urban population. Bedouins, farmers and city dwellers: all expect to have a fair share but digging for “blue gold” unleashes an environmental timebomb.

Living Water tells the story of power, exploitation and changing ecological circumstances in one of the most water-poor countries in the world.

19h30 – 21h00 Théâtre Tournesol

Inner Mapping

Un film de Stéphanie Latte Absdallah et Emad Ahmad

France, Palestine | 2017 | 51 min |vostfr

Production : Studio 5 Audio Visual Production / CNRS Images

Inner Mapping expérimente les limites territoriales de l’occupation israélienne en Cisjordanie. Selon qui vous êtes, la voiture que vous conduisez, vos circulations sont distinctes, parallèles. Le pays devient le réseau de routes, de chemins que vous pouvez empruntez. Le guide de ce drôle de road movie, le GPS palestinien, est concret, technologique, graphique. Banal, global, il est acculé par un contexte d’exception. Rouler avec le GPS, c’est vivre une carte absurde. Chacun de nous, de ceux que nous rencontrons, portent leur propre frontière. Nous regardons le dedans avec la caméra du chef opérateur, mais aussi, en continu, le dehors avec trois caméras Go Pros installées sur la voiture. Avec ce dispositif, nous filmons la cassure entre le territoire d’une continuité perdue, celui d’une Palestine rêvée et politique, et la Palestine du quotidien : la Cisjordanie des déplacements possibles, du GPS, coupée en deux cartes, israélienne et palestinienne.

Discussion animée par Anna Poujeau (anthropologue, Ifpo-CNRS)

Vendredi 25 novembre

13h00 – 16h30  IESAV

Atelier animé par Hady Zaccak (cinéaste) autour des projets de films : 

Phantom Pain |Ashraf Mtaweh (réalisateur), Danielle Davie (réalisatrice et anthropologue-cinéaste), Lama Sawaya (Ingénieure son), Halim Sabbagh (rélaisateur et monteur), Charlotte Schwarzinger (doctorante en anthropologie à l’EHESS)

Phantom Pain is a short science fiction film made only from existing sounds and images that were made inLebanon from October 2019 to the year 2022. The production of this collective film will explore different problematics that the professionals of the cinema world are facing today.

Une île |Matthieu Walid Kairouz (réalisateur)

En novembre 2020, à Bcharré, mon village situé dans les hautes montagnes du nord-Liban, un bchariotte est assassiné par un jeune réfugié syrien. S’en suit une nuit de violence durant lquelle la commaunuté syrienne, plus d’un millier de personnes, est expulsée. Je reviens pour circuler, interroger…peu à peu une enquête intime met à jour la mémoire collective d’une île dans l’archipel libanais.

17h30 – 18h15 Théâtre Tournesol

Ethnographic Diaries : Capturing the Evry Day in Crisis

A podcast initiated and developed by Muzna Al-Masri and Michelle Obeid 

Arab Council for the Social Sciences’ (ACSS) Working Group on “Ethnography and Knowledge in the Arab Region” | Andrew W. Mellon Foundation

Director: Sabine El Chamaa | Sound Design: Chadi Roukoz | Music: Karl Bou-Rjeily | Podcast Coordinator: Jana Chammaa

This podcast contains a selection of diary entries, written between November 2020 and February 2021 by 12 writers living in Lebanon. The aim was to create an ethnographic record of the intricacies of the turbulent times they were living through and shed some light on everyday experiences in extraordinary times. This selection comprises only a portion of the wealth of entries from our writers, written in English and Arabic, within the “Ethnographic Diaries: Capturing the Everyday in Crisis” project.

Discussion animée par Michel Tabet (anthropologue, CNRS)

18h30 – 20h00  Théâtre Tournesol

Le ciel pleura quarante jours

France | 2022 | 63 min | vostf

Un film de Sabrina Mervin

Production : Momento, Paris (France), EHESS (France) | Distribution : Momento, Paris (France)

Le ciel pleura quarante jours est une immersion dans le pèlerinage de l’islam chiite à Karbala, en Irak, qui attire une fois par an des millions de fidèles. Le voyage, à pied, vers le sanctuaire de l’Imam Hossein, petit-fils du prophète Mohammad, qui trouva le martyre en 680, dure au moins trois jours. Sur la route, des figurines et des représentations rejouent l’épopée de l’imam comme si elle s’était déroulée hier. Des processions commémorent le retour de la tête tranchée de l’imam vers son corps. Les scènes se succèdent, tandis que les habitants se mettent au service des pèlerins pour leur offrir gîte, nourriture et soins. La caméra, sensible, se fond dans la foule, les chants, les pleurs et les cris, le rythme et la gestuelle des frappes sur les torses dans un climat de ferveur religieuse intense.

Discussion animée par Houda Kassatly (anthropologue et photographe)

Projection en partenariat avec Le Comité du film ethnographique – Festival Jean Rouch