Hommage à Olivier Callot, directeur de recherche au CNRS

Olivier Callot à Qalaat Kalota

Le 12 août dernier, Olivier Callot nous quittait. Si comme on l’a rappelé à plusieurs reprises, il détestait les discours et les panégyriques, il est juste de souligner sur le site de l’Ifpo quelle a été sa contribution à l’archéologie du Proche-Orient.

Depuis les années 1960, Olivier parcourut de multiples terrains en Syrie, à Chypre, en Jordanie, au Koweit ou en Égypte, et il a souvent renouvelé nos connaissances de manière définitive. Ses nombreuses publications en sont une preuve (https://www.hisoma.mom.fr/annuaire/callot-olivier). Elles sont aussi significatives par leur variété thématique et géographique, puisque cet architecte et historien était en même temps un grand numismate, à la fois collectionneur et expert.

Architecte remarquablement polyvalent, il a publié des bâtiments du Bronze récent comme de la période byzantine, aussi à l’aise sur des palais que sur des nécropoles ou des pressoirs ou même des ports. S’il ne fallait retenir de sa carrière que les thèmes principaux, il faudrait citer ses études (et d’autres sont sous presse) sur l’habitat d’Ougarit et sur le palais royal, sa relecture de la topographie religieuse de ce site –, ses travaux multiples sur la Syrie du Nord (pressoirs protobyzantins, temples romains), qui permettent d’en réécrire en partie l’histoire, sur Chypre (Kition), et des publications numismatiques sur des sujets trop souvent négligés avant ses contributions (monnayages arabes préislamiques, monnayages byzantins de Salamine, d’Ougarit ou des Marges arides de Syrie centrale). Quelques mois avant son décès paraissait un ouvrage sur le port militaire de Kition (coll. Kition Bamboula, VIII, en collaboration avec Sabine Fourrier et Marguerite Yon) mettant un point d’orgue à ses travaux chypriotes, eux aussi fondamentaux, et il avait eu le temps de relire sa contribution à la publication de la nécropole de Plinthine (Égypte).

Par delà cet austère inventaire, il faudrait aussi évoquer sa personnalité et en particulier son humour caustique. Ce travailleur infatigable était un compagnon fidèle, parfois bourru, un homme d’une grande gentillesse. Sa parfaite modestie et son immense culture impressionnaient : fin lettré, il avait le goût des collections, de monnaies, de gravures, de livres anciens, considérés pour leur contenu et aussi comme objets, d’où son souci des reliures d’ouvrages qu’il entretenait avec minutie. C’était enfin un magnifique dessinateur, et la bibliothèque de la Maison de l’Orient (Lyon) garde jalousement ses caricatures qui ont la grâce et l’ironie légère des dessins de Sempé.

Pour beaucoup d’entre nous, Olivier était aussi un témoin privilégié de l’histoire de l’archéologie française au Proche-Orient, avec qui on pouvait discuter de toutes sortes d’aspects scientifiques. Surtout, ce merveilleux conteur n’était jamais à court d’anecdotes sur les acteurs qui ont fait ou faisaient l’archéologie, en en montrant les aspects les plus grandioses, tout comme d’autres, plus humbles. Il était très attaché au Proche-Orient, à ses hommes et à son histoire, et ce fut un crève-cœur pour lui de ne plus pouvoir y retourner.

Pour finir sur une touche plus personnelle, Olivier qui avait fait des dizaines de mission au Proche-Orient n’avait pas été membre de l’IFAPO ou de son prédécesseur, l’Institut français d’archéologie de Beyrouth, bien qu’il en ait été régulièrement l’hôte depuis 1967. Ce n’est qu’en 2002, au moment où je quittais l’IFAPO devenu Département d’archéologie et d’histoire ancienne (DAHA) au sein de l’Ifpo, qu’il fut affecté à ce dernier à Damas. J’eus alors la chance immense de pouvoir visiter le Massif calcaire et la Syrie du Nord en sa compagnie, et en particulier Qalaat Kalota où il avait longuement travaillé avec Pierre-Louis Gatier et avec leur logeur de l’époque, Ramadan, dont nous fûmes aussi les hôtes lors de cette visite d’août 2002.

Jean-Baptiste YON, Directeur de recherche au CNRS