Printemps de la médiathèque : Rencontres, livre et débat d’idées à l’Institut français du Liban

Rencontre avec Henry Laurens
Jeudi 12 mai à 18h, salle Montaigne à l’Institut français du Liban

Titulaire de la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe depuis 2003, au Collège de France, l’historien Henry Laurens est un auteur prolixe sur la région, avec une fresque indépassée de la question de Palestine (en cinq volume) retraçant dans les relations d’Orient et d’Occident comment se structure un dialogue passionnel et géopolitique sur la Palestine. Habitué de l’Orient arabe, dans lequel il a séjourné à de nombreuses reprises depuis les années 1970, il poursuit une analyse à la fois sur l’histoire et sur les éléments constitutifs de la place spécifique de cette région du monde qui anime ses travaux et bien des passions contemporaines.

 

Le passé imposé

La science historique est l’étude du temps humain, aussi bien dans son déroulement que dans ses appréhensions. Ce livre montre d’abord avec quels instruments les historiens travaillent en se rapprochant du passé tout en maintenant une distance que la mémoire ne connaît pas. En prenant comme exemple le monde musulman, il expose comment orientalisme et occidentalisme se développent parallèlement, sans nécessairement s’opposer. Puis en abordant les violences du XXe et du XXIe, il travaille à montrer qu’elles sont d’abord liées à un futur, à des horizons à venir qui permettent de justifier tous les moyens. Elles s’accompagnent du culte du héros. À partir des années 1970, la victime se substitue au héros et le présent au futur. Dès lors on débouche sur le postcolonial qui est un passé vécu au présent en abolissant toute distance. On n’est plus dans un passé dépassé ou qui ne passe pas, mais dans un passé imposé victimaire qui paradoxalement maintient un européocentrisme en croyant le condamner. Pour reprendre Marc Bloch, nous sommes plus des enfants de notre temps que de nos parents. Il est temps de le rappeler.