Projet ANR Aquatyr

Responsables : Jean-Baptiste Yon (CNRS, Hisoma, coordinateur), Dominique Pieri (Ifpo / Univ. Paris 1), Gilles Rollier (INRAP), Christine Oberlin (CNRS, ArAr), Jean-Philippe Goiran (CNRS, Archéorient), Edwige Pons-Branchu (Univ. Versailles Saint-Quentin, LSCE) et Hany Kahwagi-Janho (Univ. Kaslik, Liban).

Partenaires institutionnels : Laboratoire HiSoMA ; Institut français du Proche-Orient ; Institut national de recherches archéologiques préventives ; Laboratoire ArAr. Archéologie et Archéométrie, Laboratoire Archéorient ; Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement ; Université Saint-Esprit, Kaslik (Liban).

Le projet

Dans un monde de plus en plus peuplé, et affecté par le changement climatique, l’accès de chacun à l’eau douce devient de plus en plus problématique. Une grande part de la population mondiale se concentre le long des franges littorales, là où, de surcroît, l’élévation du niveau des mers menace de salinisation les aquifères côtiers. Ce problème, néanmoins, n’est pas si nouveau qu’il y paraît. Il s’est présenté dès les débuts de l’Anthropocène, et notamment pendant l’Antiquité, sur ces microcosmes que sont les petites îles soumises à une intense urbanisation. En effet, de nombreuses cités phéniciennes ainsi que les cités d’autres thalassocraties se sont alors installées sur des îles, à proximité des côtes, afin de se prémunir des attaques terrestres. L’évolution naturelle des côtes et les interventions humaines ont par la suite amené certaines de ces îles à être reliées à la côte, notamment du fait de la mise en place d’isthmes sableux (Fouache 2006 ; Goiran et al. 2011). Tyr en est un archétype : la cité se développe sur une île jusqu’à sa conquête par Alexandre le Grand (en 332 av J.-C.). La construction d’une jetée artificielle lors de sa conquête a permis la mise en place d’un cordon de sable (tombolo) de part et d’autre de la chaussée, lequel ira s’épaississant durant les périodes hellénistique et romaine. La position insulaire a des avantages stratégiques, mais pose des problèmes d’alimentation en eau douce (Desruelles 2004). L’île étant de petite taille, les précipitations y sont faibles et saisonnières, ce qui limite les apports par ruissellement. Or les besoins en eau sont élevés, la cité combinant des activités portuaires, industrielles, et urbaines. L’eau peut avoir trois origines : la collecte des eaux pluviales, les apports extérieurs (aqueducs, navires ravitailleurs), et enfin les apports souterrains (à partir de sources localisées sur l’île, ou sourdant des fonds marins environnants).

Le projet AquaTyr poursuit donc les objectifs suivants :

1° : déterminer l’origine de l’eau pendant la période insulaire et comprendre sa gestion.

2° : suivre la réorganisation du système d’adduction pendant la période péninsulaire.

3° : déterminer les conditions de retour, brutales ou progressives, à un état pseudo-insulaire.

4° : déterminer le niveau de base hydraulique (ou niveau marin) au cours des différentes périodes.

Séminaire méthodologique

Dans le cadre du projet AQUATYR, un séminaire méthodologique s’est tenu les 13 et 14 avril 2022 à Beyrouth et à Tyr.

La première journée, à l’Ifpo en salle Fayruz, a consisté en plusieurs présentations (en présentiel et visio-conférence) sur l’archéologie de l’eau dans ses divers aspects et ce qu’elle pouvait apporter à l’étude du site de Tyr. Une présentation générale par Jean-Baptiste Yon (CNRS Hisoma, Lyon) du programme AQUATYR et des aménagements en lien avec l’eau sur le site de Tyr a été suivie par les interventions de Jean-Philippe Goiran (CNRS Archéorient, Lyon) et Gilles Brocard (Archéorient et Hisoma, Lyon).
À partir d’exemples méditerranéens (Ostie, Alexandrie) ont été présentées les méthodes et les techniques de la géoarchéologie et de l’étude environnementale (du carottage à la géophysiques et l’analyse C14 ou isotopique).
La seconde journée sur le terrain à Tyr a consisté en une visite des aménagements liés à l’eau : aqueducs, thermes, ports, canalisations, installations artisanales (Ali Badawi, DGA Tyr ; Jean-Baptiste Yon, CNRS Hisoma, Lyon).

Le public était constitué d’étudiants de master et de doctorat de l’Université libanaise et de l’Université Paris 1. En raison des conditions sanitaires, deux conférences ont été reportées à la prochaine édition du séminaire.