Le CAREP Paris a le plaisir de vous convier à un atelier de réflexion en deux tables rondes pour débattre des enjeux auxquels sont confrontées les villes du monde arabe. Y seront notamment discutées les questions de migration et de cosmopolitisme, mais aussi les conditions d’accès au logement.
Cet événement se déroulera en format hybride :
- Présentiel : sans inscription, dans la limite des places disponibles ; pass sanitaire et port du masque obligatoires
- Distanciel : sur inscription (voir boutons plus bas)
TABLE-RONDE 1 | Urbanité, mondialisation et cosmopolitisme
30 sept 2021 de 14h à 16h
Les villes méditerranéennes portuaires telles que Beyrouth et Alexandrie ont longtemps constitué des espaces cosmopolites incontournables. Dominées historiquement par le modèle de coexistence communautaire mis en place par l’empire ottoman, elles se sont construites comme des systèmes urbains complexes ouverts aux valeurs universelles et au monde extérieur. Les habitants du Proche-Orient incarnaient donc cette condition de « cosmopolitisme urbain » (Mermier, 2021), et évoluaient dans des espaces publics composant un véritable « carrefour culturel ».
Le développement du capitalisme et les phénomènes de globalisation et de mondialisation ont ensuite fortement accéléré la libre circulation des hommes et des marchandises. Si pendant longtemps, cette circulation transnationale était réservée aux élites des pays du Nord, elle s’est progressivement sudifiée, s’ouvrant aux classes moyennes et populaires. Aujourd’hui, de nombreuses villes arabes sont devenues des destinations attractives pour l’immigration et accueillent des flux plus ou moins importants de travailleurs. Dans les centres urbains des villes arabes, qui constituent des espaces de rencontres entre différentes communautés, classes sociales, genres et religions, se développe désormais un cosmopolitisme urbain non réservé aux élites des classes supérieures.
TABLE RONDE 2 | Urbanité, mobilité et accès au logement
1er octobre 2021 de 14h à 16h
Dans de nombreux pays du monde arabe, l’arrivée de migrants et de réfugiés s’est traduite par le développement de quartiers populaires en périphérie des grandes villes et la mise en place de camps pour les réfugiés. C’est le cas au Liban, où la ségrégation institutionnalisée par l’État libanais exclue et marginalise ces communautés (Doraï, 2008). Mais loin de constituer de simples espaces de relégation, ces quartiers sont devenus des espaces connectés à leur environnement et font aujourd’hui partie intégrante de la ville (Doraï, 2020). Cependant, les conditions de vie et de logement y demeurent encore très précaires. En effet, la surpopulation de ces quartiers et des camps de réfugiés pose avec acuité la question du logement digne. Dans beaucoup de pays de la région MENA, la crise de la Covid-19 a mis en exergue cette surpopulation combinée à l’insalubrité des logements de ces quartiers, entraînant une diffusion importante du virus dans ces espaces.
Si certains États arabes comme le Liban, ont été incapables de répondre par des politiques urbaines et de construction de logements aux besoins des migrants et des réfugiés, la question n’en demeure pas plus facile pour les autres États de la région, même les moins touchés par les migrations. En effet, les évolutions démographiques dans les villes arabes depuis les années 1960 ont été marquées par une croissance considérable de la population entre hausse des naissances et l’exode rural. Beaucoup d’États ont alors rencontré des difficultés à assurer une croissance urbaine adaptée aux nouveaux besoins de leurs populations. Ces circonstances ont mené au développement de quartiers non planifiés par les autorités d’une part, et à des politiques d’attraction des investissements privés d’autre part.
Ainsi, la Tunisie a, dès les années 1970, délégué son système de production au profit de lotisseurs et promoteurs privés (Ben Othman & Turki, 2020). En parallèle à cela, l’État a mis en place de véritables plans de logement sociaux en investissant la réhabilitation des quartiers populaires. Cette politique s’est avérée stratégique dans la mesure où la construction de logements sociaux permettait d’absorber les revendications populaires. En Syrie, au contraire, depuis le début du conflit, les lois et politiques de logements sont utilisées par le régime afin de déposséder et de déterritorialiser les dissidents (Clerc, 2021 ; Yazigi, 2017). Aujourd’hui, les politiques urbaines de reconstruction servent à la répression et à la marginalisation des opposants politiques en même temps qu’à l’éradication des quartiers non autorisés, qui, largement développés avant-guerre, se sont encore étendus depuis. L’État tente ainsi, malgré le manque d’investissements et les résistances des habitants, de mettre à profit les destructions de la guerre afin de déplacer des populations et transformer les structures foncières et de propriété (Clerc, 2020).
A travers différentes études de cas, cette table ronde propose d’interroger la question du logement dans le monde arabe. Habitants de classe moyenne, néo-urbains, migrants ou réfugiés, l’accès à un logement digne reste pour de nombreuses personnes dépendant d’un réel changement politique.
Informations pratiques et inscriptions :
https://www.carep-paris.org/evenements/conferences/atelier-urbanites-dans-le-monde-arabe/