Revue de presse Gouvernance et politiques publiques | juillet 2021

Amendement facilitant le licenciement des employés de l’État

Mi-juillet, la chambre des Représentants a approuvé un amendement, à une loi datant de 1970 qui va permettre aux hauts fonctionnaires de licencier des employés du secteur public ou des entreprises publiques sur la base d’une « violation des obligations professionnelles » d’une manière qui nuit « à l’intérêt économique ou à la production nationale » et s’il existe des « preuves sérieuses » qu’un employé a « porté atteinte à la sécurité et à la stabilité nationales. » Être inclu sur une liste terroriste par le gouvernement constituerait une preuve de cette menace et donc un motif de licenciement sans action disciplinaire préalable, alors que la loi sur la fonction publique exige des procédures tel qu’un comité disciplinaire et une d’enquête administrative. En avril 2021, plus de 6700 noms étaient inscrits sur les listes terroristes de l’État.

Cet amendement, qui avait d’abord été proposé en novembre 2020, a été remis sur le devant de la scène après les déclarations du Ministre des Transports le Général Kamal al Wazir suite à de multiples accidents de train en avril dernier, accusant des agitateurs et « extrémistes » parmi les employés du transport public d’être responsables de sabotage.

Dès la fin juillet, le Conseil suprême des Universités a donné des instructions aux présidents d’universités pour qu’ils soumettent les noms de leurs employés figurant sur les listes terroristes du gouvernement afin de les licencier.

 

Retour des charters sur la Mer Rouge

Début juillet, les vols provenant d’Allemagne vers Hurghada ont repris, après plus d’un an de suspension à cause de la Covid 19.

La Russie a également annoncé la reprise de sa liaison avec les aéroports de la Mer Rouge- à Hurghada et Sharm el Sheikh- suspendue après le crash d’un avion dans le Sinaï en octobre 2015, qui avait fait 224 morts.  La décision avait été modifiée en avril 2018 pour autoriser les vols vers Le Caire mais excluait toujours les stations de la mer Rouge. Au début du mois, la Russie a envoyé une délégation en Égypte pour évaluer la situation et les mesures de prévention dans les zones touristiques et inspecter les laboratoires et les installations médicales.

 

Assurance sociale pour les travailleurs informels

Près de 11 000 travailleurs du secteur informel auraient commencé à recevoir des cotisations d’assurance sociale par l’intermédiaire du gouvernement ce mois-ci. Les travailleurs ont auparavant été enregistrés, reçu un numéro d’assurance nationale et une note indiquant leur niveau de compétence.

Le ministre de la main-d’œuvre, Mohamed Saafan, et le chef de l’Autorité nationale de l’assurance sociale, Gamal Awad, ont également signé un protocole visant à étendre la protection sociale des travailleurs irréguliers et à développer un système de partage d’informations, dans une tentative de formaliser l’économie informelle. La liste des emplois irréguliers comprend notamment les travailleurs migrants, les travailleurs religieux, les travailleurs domestiques, les travailleurs indépendants tels que les vendeurs de rue, les artisans, les responsables de parkings informels et les nettoyeurs de chaussures.

Une tentative similaire est réalisée auprès des travailleurs du secteur touristique. Un système pour créer une base de données des travailleurs de ce secteur au niveau national aurait été réalisé.

 

Libérations

Les festivités de l’aïd al-Adha ont été notamment marquées par la libération de six éminents prisonniers politiques. L’avocate des droits de l’homme Mahienour el Masrry, la journaliste et activiste Esraa Abdel Fattah, les journalistes Mostafa al-Asar, Moataz Wadnan, Gamal al-Gammal et le député à la tête du parti de l’Alliance populaire socialiste Abdel Nasser Ismail figurent parmi les détenus libérés. Moataz Wadnan et Mostafa al-Asar ont passé près de deux ans en détention provisoire, après leurs arrestations en février 2018. Mahienour el Massry avait été arrêtée en septembre 2019 devant le siège du parquet de la Sureté d’État alors qu’elle essayait de représenter des détenus arrêtés pendant la vaste campagne d’arrestation lancée après les manifestations anti-gouvernement quelques jours plus tôt. Esraa Abdel Fattah avait quant à elle été arrêtée dans sa voiture le mois suivant. Ces libérations suivent celles des journalistes Solafa Magdy et Hossam el Sayed, libérés en avril dernier, après près d’un an et demi de détention provisoire.

Le jeune diplômé Ahmed Samir Santawy, le journaliste Hisham Fouad et  le militant Ahmed Badawi ont entamé des grèves de la faim pour protester contre leurs sentences ou la prolongation de leur détention provisoire, soutenus par certaines figures publiques qui ont annoncé faire une journée de grève de la faim en solidarité avec les prisonniers de conscience. Hisham Fouad et Ahmed Badawi ont dû cesser leur protestation après plusieurs jours sans s’alimenter à cause de problèmes de santé. Fin juillet, cela faisait plus de trente jours que Ahmed Samir Santawy ne s’était pas alimenté pour protester contre le verdict qui le condamne à quatre années de prison.

 

Dix ans plus tard… l’affaire des ONG relancée ?

L’avocat des droits de l’homme Negad al-Borai et le militant des droits de l’homme et responsable du Réseau arabe d’information sur les droits de l’homme Gamal Eid, l’avocate et chef du Centre d’assistance juridique des femmes égyptiennes Azza Solima, suivis du Directeur de l’Initiative égyptienne pour les droits personnels Hossam Baghat ont été interrogés dans l’affaire du financement illégal de certaines ONGs au cours du mois de juillet. Cette affaire, qui a débuté pendant le gouvernement intérimaire du SCAF (Conseil Suprême des Forces Armées) suite à la déposition du Président Hosni Moubarak en février 2011, a connu de multiples rebondissements. 17 associations égyptiennes et internationales, accusées de financement illicite, avaient été perquisitionnées puis fermées et leur personnel poursuivi – dont 19 ressortissants américains. Parmi les membres de la société civile égyptienne, 13 d’entre eux ont reçu des interdictions de voyager et ont vu leurs biens gelés depuis 2016.

En 2018, 43 employés avaient été acquittés – sans pour autant que les décision d’interdiction de voyage ou le gel de bien ne soit levé pour les accusés égyptiens – après avoir été condamnés en 2013 à des peines entre un et cinq ans de prisons.

Ces nouveaux interrogatoires, qualifiés de « rassurants » par les responsables questionnés, pourraient signifier la clôture prochaine de cette affaire au long cours, largement vilipendée par la communauté internationale et les Nations-Unies, mais pas forcément la levée des interdictions de voyager. Une procédure d’appel avait été lancée en 2018 par les 13 avocats et membres de la société civile impliqués pour protester contre cette interdiction – qui ne peut pas, légalement, dépasser les deux ans -, en vain.

 

 

Deuxième remplissage du GERD

Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a annoncé la fin du second remplissage du GERD le 20 juillet. Le Conseil de sécurité des Nations unies a tenu une session le 8 juillet pour discuter de la question du barrage à la demande de l’Égypte et du Soudan, mais aucune décision n’a été prise à l’issue de la session. Les délégations des autres États membres ont souligné leur soutien à la médiation de l’Union Africaine pour résoudre la crise. D’après le ministre soudanais de l’irrigation, Yasser Abbas, le volume d’eau recueilli lors de ce second remplissage serait « bien inférieur à ce que l’Éthiopie avait annoncé et visait. »