Revue de presse Gouvernance et politiques publiques | août 2021

Covid

La fin du mois d’août se solde par un regain du taux de contamination en Égypte – plus de 200 contaminations quotidiennes – ceci est présenté par les médias comme le début d’une « quatrième vague ». La Ministre de la Santé Hala Zayed a affirmé la présence du  variant Delta plus dans le pays depuis la mi-juillet, après que les autorités aient contesté sa présence à plusieurs reprises.

D’après la Ministre de la Santé, Hala Zayed, il y aurait aujourd’hui en Égypte 678 centres de vaccination ouverts au total, dont 512 seraient dédiés à tous les citoyens et 175 réservés aux voyageurs. La Ministre a annoncé que 1.3 million d’employés gouvernementaux étaient vaccinés, ce qui représenteraient plus 17% de la population égyptienne vaccinées – qui s’élèverait à 7.5 millions de personnes. L’OMS a estimé de son côté que 6.5 millions de doses avaient été distribuées à la mi-août.

La campagne de vaccination suit son court, l’État égyptien visant la vaccination de 35 millions de personnes d’ici le mois de novembre. Les efforts sont en partie concentrés sur la vaccination du personnel public, et plus particulièrement du corps enseignant, des étudiants et élèves et employés scolaires et universitaires, avant la réouverture des écoles et universités à la rentrée. Le Ministre de l’éducation a annoncé que les employés de ces institutions ne seraient pas autorisés à retourner au travail à moins d’être vaccinés ; la même mesure devrait s’appliquer au personnel du ministère de la santé dès début septembre et manifestement de tous les ministères en octobre.

Des retards dans l’administration de la seconde dose d’AstraZeneca ont été signalés début août – de nombreuses personnes ont été averties de l’annulation de leur rendez-vous, repoussé à plusieurs semaines, sans explications. Ce retard pourrait être dû à une pénurie. Mi-août, 300 000 doses du vaccin ont été envoyées par le Royaume-Uni, dans le cadre de l’accord COVAX.

D’après la Ministre Hala Zayed, 1 million de doses produites localement du vaccin Sinovac devraient être distribuées très prochainement, sur un total de 15 millions de doses déjà produites. La Ministre a affirmé que l’entreprise en charge de la production Vacsera devrait produire entre 15 et 18.5 millions de doses mensuelles.  5.2 millions de doses des vaccins Pfizer et Moderna doivent arriver des Etats-Unis le mois prochain, et 25 millions de doses du vaccin Johnson & Johnson devraient également être livrées d’ici la fin de l’année.

Depuis début août, les citoyens entièrement vaccinés peuvent désormais obtenir un certificat de vaccination accrédité pour voyager dans les 126 centres du pays dédiés à la délivrance de certificats, d’après la Ministre de la santé. Le certificat devrait faciliter les multiples procédures pour les voyageurs qui devaient auparavant obtenir un certificat de vaccination auprès du Ministère de la santé avant de le documenter au Ministère des affaires étrangères, puis de le traduire dans un bureau agréé par une ambassade étrangère. Cependant, des travailleurs égyptiens devant se rendre à l’étranger ont rencontré des difficultés, le vaccin chinois Sinopharm et son équivalent égyptien Sinovac n’étant pas reconnus par un certain nombre de pays du Golfe et d’Europe, qui exigent une dose supplémentaire de vaccin Johnson et Johnson.

 

Future augmentation du pain subventionné

Le Président de la République a annoncé début août une hausse prochaine du prix du pain subventionné, jusqu’alors vendu à 0.05 LE. Des études devraient être lancées pour établir le nouveau prix du pain. Environ deux tiers des égyptiens bénéficieraient actuellement du pain subventionné. Le président a déclaré qu’il était nécessaire de transformer le système de subventions, vieux de plusieurs décennies, conformément aux politiques financières de l’État. Le programme de réforme des subventions a été entamé en 2016, concomitamment au prêt de 12 milliards de dollars accordé par le FMI. Le Président a annoncé que les économies réalisées grâce à la réduction des subventions au pain seraient réaffectées à l’élaboration d’un nouveau programme de repas scolaires d’un montant de 8 milliards de LE, destiné à quelque 12 millions d’élèves, soit environ la moitié de la population d’âge scolaire.

La Fédération des chambres de commerce égyptiennes a proposé d’établir un nouveau prix à 0.20 LE, présenté comme un taux transitoire, et a déclaré que l’augmentation n’affecterait pas le prix du pain non-subventionné.

La division des boulangeries de la Fédération égyptienne des chambres de commerce a quant à elle présenté quatre propositions au Ministre de l’approvisionnement : une augmentation du pain à 0.25 LE, l’augmentation du poids du pain de 90 à150 grammes, que la part individuelle sur la carte de rationnement soit limitée à 3 pains au lieu de 5, que la farine utilisée pour la production ait un taux d’extraction de 76 % au lieu de 82 %.

Le ministère de l’approvisionnement avait quant à lui déclaré que le prix réel du pain était de 0.65 LE.

 

Annulation des frais de l’examen de l’internat

Fin août, le ministère de la Santé a finalement annulé sa décision d’augmenter les frais de l’examen de l’internat, qui étaient passés de 300 à 5 000 LE.  La décision avait été annoncée en mai dernier et devait s’appliquer aux nouveaux étudiants inscrits en août, ainsi qu’aux étudiants internes actuels qui passeront leur examen ce mois-ci. Le ministère avait annoncé que les médecins qui repassaient les épreuves de l’internat devaient payer 5 000 LE pour le deuxième et troisième essais et 10 000 LE pour le quatrième essai, à la place de 300 LE par examen.

Le Syndicat a déposé une plainte devant le Conseil d’État contre la ministre de la santé et le secrétaire général du Programme de l’internat égyptien, demandant que le ministère annule les frais de cet examen, au regard de la loi 14 de 2014, qui stipule que pour les médecins, l’employeur prend en charge tous les frais liés aux études de troisième cycle.

Le programme de l’internat est un certificat professionnel médical obligatoire qui qualifie son titulaire pour travailler en tant que spécialiste en Égypte et à l’étranger. Il comprend trois à six ans de formation, selon la spécialisation, suivis d’un test final.

 

Grèves à Lord for Industry and Trade

Une grève rassemblant près de 2000 travailleurs a éclaté fin juillet au sein de l’entreprise de fabrication de rasoirs Lord for Industry and Trade et a donné lieu au licenciement de 49 salariés. La direction de l’entreprise a notamment licencié 34 nouveaux travailleurs, dont aucun n’a travaillé dans l’entreprise pendant plus de quatre mois au-delà de la période de formation de six mois, et qui n’ont donc pas le droit de s’opposer à la décision devant les tribunaux du travail. La grève avait commencé le 26 juillet dernier après que les primes de l’Aïd al-Adha aient été déduites des salaires des employés. Les travailleurs avaient exigé un salaire minimum plus élevé, des contrats de travail permanents au lieu de contrats renouvelables annuellement, la transparence des bénéfices annuels de l’entreprise et une rétribution minimale des bénéfices de l’entreprise de 2 000 LE. Cependant, la direction a seulement promis d’augmenter le salaire minimum à 2 400 LE, qui correspond au taux qui a été fixé pour la première fois en Égypte par le Conseil national des salaires en juin dernier, qui entrera en vigueur en janvier prochain.

 

La Nouvelle capitale en bourse ?

Mi-août, le Président Abdel Fattah al Sissi a annoncé le projet du gouvernement d’introduire la Société de la Nouvelle capitale administrative à la Bourse égyptienne, afin que les liquidités de la société dans les banques « deviennent des 100 milliards de LE » dans les deux ans, ajoutant que les actifs de la société pourraient atteindre 3 à 4 trillions de LE dans la même période s’ils sont inscrits à l’EGX.

En février 2016, al Sissi avait alloué à l’Agence des projets terrestres des forces armées les terrains pour l’établissement de la nouvelle capitale administrative. L’organisme chargé de la planification et du développement de la nouvelle capitale est la Capitale administrative pour le développement urbain, une société par actions composée de deux parties : l’Autorité des nouvelles communautés urbaines, qui est affiliée au ministère du logement, d’une part, et l’Agence nationale des projets fonciers des forces armées et l’Organisation nationale des produits de service, deux organismes affiliés à l’armée, d’autre part, les entités des forces armées contrôlant 51 % des actions. Le budget de la société n’est pas donc pas public, les règles qui stipulent que le budget des forces armées ne peut être examiné par la Chambre s’appliquant également au budget de la société.

D’autres entreprises publiques devraient également bientôt être cotées en bourse. Le projet, lancé en 2018, avait initialement identifié 23 entreprises pour être cotées en bourse ; une seule, la Eastern Tobacco Company a jusqu’à alors été mise sur le marché.