Revue de presse Gouvernance et politiques publiques | juin 2021

Nouvelles de la Covid 19

Les personnes vaccinées n’auront désormais plus besoin de présenter un test PCR pour entrer en Égypte, a annoncé le ministère de la santé à la fin du mois de juin. Les individus doivent avoir reçu le vaccin (Pfizer, Biontec, Moderna, Sinopharma, Sinovac, Sputnik V, AstraZeneca ou Johnson & Johnson) moins de quatorze jours avant leur entrée sur le territoire égyptien. Cependant, les voyageurs qui arrivent de pays considérés comme à haut niveau d’infection (Inde, Sri Lanka, Vietnam, Brésil, Pakistan, Bangladesh, Myanmar et Bhoutan) devront faire un test PCR à leur arrivée. Parallèlement à ces mesures, l’Égypte a été classée sur liste rouge par le Royaume Uni et sur la liste des « pays à haut risque » par l’Arabie Saoudite, dans lesquels il n’est pas recommandé de voyager.

L’OMS a enquêté au cours du mois de juin sur l’existence d’un variant égyptien. Originellement dénommé le variant thaïlandais, la souche aurait été détectée pour la première fois chez des personnes qui avaient récemment voyagé en Thaïlande depuis l’Égypte. Cependant, fin juin, le conseiller présidentiel pour la santé, Mohamed Tag Eddin, a affirmé qu’aucune nouvelle souche de la Covid-19 n’a été détectée en Égypte.

 

L’Égypte devrait recevoir 14 millions de doses de vaccin des Etats-Unis prochainement.

Dans le même temps, Vacsera, le fabriquant de vaccins qui dépend du ministère de la santé, étend ses capacités de production avec un complexe de fabrication dans la ville du 6 octobre, dont la construction  a été prévue depuis 10 ans et longuement arrêtée faute de financements, et qui devrait commencer à produire durant la première quinzaine de juillet. Ce complexe devrait produire 3 millions de doses de vaccins par jours contre la Covid-19 mais également la polio. L’Égypte travaille actuellement à la production locale du vaccin chinois Sinovac, et pourrait se lancer prochainement dans la production de l’AstraZeneca. Après la signature de l’accord de coopération entre Vacsera et Sinovac Biothech en avril dernier, la ministre de la Santé Hala Zayed avait annoncé une production de 5 millions de doses du vaccin Sinovac dans les 2 premiers mois et entre 40 et 60 millions de doses durant la première année. Après qu’une première livraison de matières premières ait été reçu fin mai, le début de la production locale avait été annoncée pour la mi-juin, mais la date de sa mise en accès n’est pas encore claire.

 

Alors que la période du mois de juin est celle des examens universitaires, la campagne de vaccination officielle s’est concentrée sur les enseignants et employés des universités. Cinq centres de vaccinations ont été ouverts autour à l’intérieur et extérieur du campus de l’Université du Caire pour ses employés. Début juin, le Premier Ministre Madbouly a annoncé que le gouvernement visait la vaccination de 40% de la population d’ici à la fin de l’année, en-dessous des 50% visés par le ministère de la santé en mai. Des pénalités pourraient être appliquées envers les fonctionnaires qui refusent de se faire vacciner dans le gouvernorat de Wadid el Gedid, la Nouvelle Vallée, à partir du mois d’août.

Il est également probable que les travailleurs du secteur touristiques soient obligés de se faire vacciner d’ici l’hiver prochain.

Par ailleurs, fin juin, la Commission des suggestions et des plaintes de la Chambre des représentants a donné l’autorisation au secteur privé de fournir des vaccins, afin de permettre à ceux qui en ont les moyens de ne pas attendre leur tour… Les hôpitaux privés vont désormais être capable de vendre les différents types de vaccins disponibles en Égypte contre la covid-19, tout en en déterminant le prix. Un certain nombre d’hôpitaux vont ainsi être approuvés par le ministère de la Santé afin d’être autorisés à délivrer les certificats de vaccination, à l’instar des certificats de test PCR approuvés par le ministère qui ont été fournis par des laboratoires privés. Les pharmacies ne sont quant à elle toujours pas autorisées à mettre en vente des vaccins.

 

Sentences

Le jeune chercheur Ahmed Samir Santawi, qui avait été victime d’une disparition forcée le 1er février dernier après s’être présenté à un bureau de l’Agence de sécurité nationale en réponse à une convocation, a été condamné à 4 ans de prison et à 500 EGP d’amende. Il avait été placé en détention pour terrorisme et diffusion de fausses nouvelles. Ce verdict survient suite à un procès d’urgence devant une Cour d’urgence de la sécurité de l’État, à l’issue duquel il est accusé de « publier des false news » à l’extérieur du pays sur des affaires intérieures. Alors que la décision ne peut pas être contestée par les canaux usuels, les arrêts d’une Cour d’urgence de sécurité de l’État ne comportant pas les niveaux habituels de contentieux tels que la demande d’appel ou le dépôt d’un pourvoir en cassation, son équipe de défense a annoncé travailler à la dernière option légale disponible :  soumettre un grief contre la décision au chef militaire.

Haneen Hossam et Mawada Al Adham, deux jeunes influenceuses sur les réseaux sociaux, notamment sur les applications Tik Tok et Likee, ont finalement écopé de lourdes peines de prisons. Condamnées respectivement à 10 et 6 ans de prisons et d’une amende de 200 000 EGP, elles sont jugées pour « trafic d’être humain ». Les deux jeunes femmes avaient été condamnées l’été dernier, lors d’une campagne de répression qui visait les créateurs de contenu sur TikTok, a deux ans de prison et d’une amende de 300 000 EGP pour violation des « valeurs familiales », avant d’être partiellement acquittées en janvier par la Cour économique –  Mawada Al Adham avait tout de même reçu une amende de 300 000 EGP. Alors que ces affaires semblaient closes, le Procureur général a demandé à ce que de nouvelles accusations de trafic soient portées contre les accusées.

Haneen Hossam, qui a demandé dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux après son dernier jugement au Président de la République de lui venir en aide et a annoncé vouloir faire appel de la décision prise in abstentia, a été arrêtée peu après. Contrairement à Mawada Al Adham, elle avait été libérée sous caution en février, avant d’être à nouveau placée en détention provisoire, sans que les autorités parviennent à la localiser jusqu’à son procès.

 

Juhayna dans la tourmente

L’entreprise Juhayna, l’un des plus grands fabricants de produits alimentaires d’Égypte, a vu son statut rayé de la liste A de la bourse et rétrogradé au grade D, après avoir tardé à soumettre ses états financiers à la Bourse égyptienne. Cotée pour la première fois à la Bourse égyptienne en 2010, la relégation de Juhayna sur la liste D est une première pour la société, qui a longtemps figuré sur la liste A, réservée aux valeurs les plus actives. Ces retards peuvent être en partie expliqués par l’arrestation du fondateur et directeur général de Juhayna, Safwan Thabet, en décembre dernier, suivie par celle de son fils Seif Safwan en février, alors qu’il avait succédé à son père au poste de PDG après son arrestation. D’après Mada Masr, plusieurs explications peuvent être avancées : Thabet a été accusé d’appartenir aux Frères musulmans en 2015 et soumis à un gel des avoirs à l’époque, ce qui pourrait expliquer son arrestation survenue en décembre ; l’arrestation a également eu lieu peu de temps après que le gouvernement ait proposé à Thabet de fusionner des éléments de sa société avec des entreprises publiques. Début juin, peu après le déclassement de l’entreprise, des rumeurs faisaient état d’une proposition de rachat de l’entreprise par le Abu Dhabi Development Holding Company (ADQ), un fonds souverain émirati, rumeurs qui ont été niées par Juhayna.

 

De nouvelles compétences pour la Haute Cour constitutionnelle ?

Après avoir demandé préalablement son approbation à la Haute Cour constitutionnelle, la Commission des affaires constitutionnelles et législatives de la Chambre des représentants a approuvé un projet de loi, déposé par le cabinet, qui permettrait à la Haute Cour constitutionnelle de décider de l’applicabilité des accords internationaux et des décisions de justice en Égypte. Cette dernière s’est en effet prononcée unanimement en faveur de ce projet, l’estimant conforme à la Constitution. Ainsi, un amendement à deux des articles qui établissent la Haute Cour constitutionnelle devrait lui permettre de se prononcer sur la constitutionnalité des décisions des organisations et organismes internationaux et des décisions des cours et tribunaux arbitraux étrangers que l’État égyptien doit appliquer. Ces amendements permettraient également au Premier ministre de demander au tribunal de ne pas prendre en compte ces décisions et obligations internationales en présentant des preuves de leur conflit avec la Constitution égyptienne. De tels amendements permettraient à l’Égypte de contourner l’obligation constitutionnelle de respecter les conventions et traités internationaux. La Chambre des représentants doit encore voter pour le projet de loi, qui sera alors au Conseil d’Etat pour approbation, avant d’être finalement renvoyé à la Chambre pour un vote final.

 

Les négociations du GERD bientôt au Conseil de sécurité de l’ONU ?

Fin juin, l’Égypte a de nouveau fait appel au Conseil de sécurité de l’ONU pour intervenir dans les négociations du barrage de la Renaissance, tandis que le Soudan a demandé au Conseil la tenue d’une session d’urgence pour mettre en place une résolution de l’ONU qui garantit les droits des deux pays. En 2020, le Soudan n’avait pas soutenu la demande d’intervention faire par l’Égypte au Conseil de sécurité, préférant que les négociations soient tenues sous l’auspice de l’Union Africaine.

De son côté, le ministère éthiopien des affaires étrangères a publié vendredi une déclaration rejetant l’intervention du conseil et réaffirmant que l’Éthiopie s’apprête à commencer le remplissage du barrage en juillet.

Mi-juin, les ministres des affaires étrangères des pays de la Ligue Arabe avaient également demandé au Conseil de sécurité d’intervenir, à l’issue d’une réunion d’urgence de la Ligue tenue à la demande de l’Égypte et du Soudan. Dans leur déclaration, les ministres ont sommé l’Éthiopie de s’abstenir de prendre des mesures unilatérales qui nuisent aux intérêts de l’Égypte et du Soudan en matière d’eau, notamment de s’abstenir de remplir le réservoir du barrage avant de parvenir à un accord. Le ministre des affaires étrangères éthiopien a rejeté la déclaration et a accusé l’Égypte et le Soudant de vouloir faire du GERD une « affaire arabe », estimant que le barrage est une affaire africaine ; l’Éthiopie favorise par ailleurs un encadrement des négociations mené par l’Union Africaine.