Revue de presse Gouvernance et politiques publiques | mai 2021

Covid : vaccins et assouplissement des mesures

Le Premier Ministre Mostafa Madbouly a annoncé fin mai, suite à une réunion du Comité Suprême de gestion de la crise du coronavirus, l’assouplissement des mesures restrictives prises au début du mois, notamment concernant les horaires de fermetures des commerces et restaurants. En effet, pour prévenir une augmentation du taux d’infection avec les festivités de la fin du Ramadan, les autorités avaient décidé début mai de fermer tous les cafés, magasins, centres commerciaux, cinémas et théâtres à 21h00. Les espaces publics – plages et parcs – ont été également partiellement fermés pendant les fêtes de Sham el Nassim et l’aïd.

A partir du 1er juin, les magasins et centre commerciaux pourront à nouveau ouvrir de 7 à 23h00 en semaine, et jusqu’à minuit le week-end. Les restaurants et cafés pourront ouvrir de 5 à 1h00 du matin toute la semaine. Par contre, la consommation de chicha dans les cafés reste interdite.

Parallèlement, la campagne nationale de vaccination continue. Vers la fin mai, environ quatre millions de personnes s’étaient inscrites pour se faire vacciner, deux millions avaient reçu la première dose et 400 000 la seconde, d’après la ministre de la Santé Hala Zayed. 403 centres de vaccins seraient actifs dans tout le pays, et 110 000 doses pourraient être administrés quotidiennement. Parmi ces centres, 26 seraient dédiés aux personnes travaillant dans les secteurs du pétrole, de l’électricité, de l’aviation, des chemins de fer et des transports publics, et aux employés du canal de Suez. En coopération avec le ministère de l’éducation, 157 000 surveillants devraient également être vaccinés avant le début des examens de thanawya amma (du second cycle).

Après avoir affirmé que la plupart des prisonniers avaient reçu une première dose de vaccin, le vice-ministre de l’Intérieur chargé des affaires médicales, le major Tarek Marzoq, a annoncé fin mai que 5000 prisonniers âgés ou souffrant de maladies chroniques avaient été vaccinés. En avril, plusieurs ONGs égyptiennes avaient publié une déclaration demandant la vaccination de tous les prisonniers. D’après Mada Masr, l’EIPR a porté plainte auprès du Conseil d’État ce mois-ci au nom de plusieurs prisonniers en détention provisoire afin que ces derniers aient accès au vaccin. Depuis le début de la pandémie, de nombreuses ONG locales et internationales ont appelé à libérer les prisonniers en détention provisoire, souffrant de maladies chroniques ou condamnés pour des crimes non-violents.

Iron and Steel: la fin?

Le 1er juin s’est éteint le dernier four de l’entreprise mythique Iron and steel. D’après Mada Masr, c’est la première fois en 63 ans que l’ensemble de ses quatre fours sont éteints. Les locaux de l’entreprise ont été fermés sans véritable préavis, alors que celle-ci est en cours de liquidation. Plus de mille employés de l’entreprise avaient manifesté la veille pour demander l’annulation de la décision de liquidation, l’obtention de compensations plus élevées si la liquidation est effectuée et le renvoi du Ministre du secteur public Hisham Tawfiq. Deux plaintes contre la décision de liquider sont toujours en cours. La compagnie a annoncé que sa liquidation devrait être aboutie d’ici deux ans.

L’Ever Given toujours empêtré

La compagnie japonaise Shoei Kisen Kaish a finalement proposé un règlement à l’amiable du conflit juridique qui l’oppose aux autorités égyptiennes, après que son porte-conteneur Ever Given ait bloqué le canal de Suez pendant plusieurs jours en mars dernier. Accusant l’Autorité du canal de Suez d’être responsable de l’échouage de son bateau pour l’avoir laissé entrer dans le canal par mauvais temps, la compagnie a demandé une indemnisation de 100 000 dollars pour les pertes liées à l’immobilisation du navire. Le tribunal d’Ismaïlia a par ailleurs rejeté la demande d’appel déposée par la compagnie pour récupérer son navire, toujours à la fourrière. De son côté, après avoir exigé 916 millions de dollars à l’entreprise en compensation des pertes subies par le canal, l’Égypte demande désormais 550 millions de dollars. L’entreprise japonaise propose de son côté un montant de 150 millions de dollars. L’audience, qui devait se dérouler fin mai, a été repoussée au 20 juin.

L’Autorité du canal de Suez a par ailleurs révélé qu’un secouriste avait perdu la vie lors de la mission de sauvetage du porte-conteneur.

De son côté, le Président al-Sissi a approuvé la proposition de l’Autorité du canal d’élargir et d’approfondir la partie sud du canal, afin d’éviter qu’un tel incident ne se reproduise. En 2015, al-Sissi avait déjà inauguré une extension de la voie navigable, baptisée “nouveau canal de Suez”.

Gaza et l’Égypte

L’actualité du mois de mai a été marquée par les affrontements en Palestine, les tirs de rockets en provenance de la bande de Gaza et les bombardements israéliens. Un cessez le feu a finalement été signé le 21 mai, après plus de dix jours de bombardements intensifs qui ont coûté la vie a plus de 250 gazouis et blessé plus de 1900 personnes.

Les autorités égyptiennes ont condamné à plusieurs reprises les attaques et le Président al-Sissi a promis de fournir une aide de 500 millions de dollars pour reconstruire gaza. Certains blessés gazaouis auraient également été évacués pour être soignés dans les hôpitaux du nord-Sinaï. L’implication de l’Égypte dans la préparation du cessez le feu – en collaboration avec la France, la Jordanie mais également le Qatar –  a suscité de nombreux commentaires positifs, en Égypte et à l’étranger, saluant ses efforts dans la résolution de la crise. Fin mai, le directeur des renseignement égyptien Abbas Kamal s’est également rendu à Gaza, en Cisjordanie et en Israël pour rencontrer l’ensemble des acteurs du conflits.

Alors que l’élection de Joe Biden semblait menacer les relations entre les États-Unis et l’Égypte notamment au regard de la question des droits de l’homme, la visite au Caire fin mai du nouveau secrétaire d’État américain Antony Bliken, ainsi qu’un premier appel entre les deux présidents semble indiquer un rapprochement entre les administrations américaines et égyptiennes.

Cependant, malgré ce soutien officiel aux gazaouis, les égyptiens n’ont pas pu manifester leur support à la cause palestinienne : plusieurs personnes ont été arrêtées après avoir brandi un drapeau palestinien, pour être finalement relâchées.