Revue de presse Gouvernance et politiques publiques | mars 2021

Ouverture de nouveaux centres de vaccination

La campagne de vaccination s’accélère avec l’ouverture de nouveaux centres. Les enregistrements en ligne pour recevoir le vaccin ont commencé fin février, avec 40 centres de vaccination à disposition. Fin mars, le ministère de la Santé a annoncé que 138 centres étaient désormais ouverts. Les personnes fraichement enregistrées ont reçu leurs doses très rapidement, avant même les personnes prioritaires enregistrées depuis le départ, toujours en attente puisque réparties uniquement entre les 40 centres ouverts initialement.

L’Égypte a reçu en mars une seconde cargaison « cadeau » de 300 000 doses du vaccin chinois Sinopharm.

Durcissement des peines contre l’excision

La Chambre des représentants a adopté des amendements pour durcir les peines contre la pratique de l’excision dans le code pénal. Ces derniers, soumis au Conseil d’État, visent à durcir les peines de prison pour les parents, le corps médical et les propriétaires d’établissements qui pratiquent l’excision. Une peine d’emprisonnement de 5 années minimum est prévue (au lieu de 2), élevée à 7 ans minimums si la mutilation a entraîné un handicap, et à 10 ans minimums si elle a entraîné la mort.  Si les accusés sont des médecins ou infimier·e·s, la peine s’étend de 5 années minimum à 10 années en cas d’handicap et à entre 15 et 20 années d’emprisonnement en cas de mort. La peine maximale est ainsi passée de 7 à 20 ans.  Les professionnels de santé condamnés pour cette pratique se verront retirer leurs licences pour au moins cinq années. La promotion de l’excision est également passible de prison. La phrase qui exemptait l’interdiction de l’excision « en cas de nécessité médicale » et qui a donné lieu à de nombreux abus a également été retirée. Si certaines associations ont approuvé des dispositions de la loi, elles ont regretté la trop grande criminalisation de la pratique, et appelé au dialogue entre citoyens et professionnels de santé. En effet, d’après l’EIPR, ces peines de prisons risquent d’entraîner, non pas un recul de la pratique, mais l’augmentation de cas aggravés où les parents ne sollicitent aucun professionnel.

Malgré la criminalisation de l’excision en 2008, prévoyant une peine de deux années maximums, cette pratique recule très doucement en Égypte, avec 70 % des 15-19 ans sexuellement mutilées en 2015, contre 81 % en 2008. En 2016, près de 90% des femmes âgées entre 15 et 49 auraient été excisées, contre 94% en 2008.

La parade tant attendue

La « Parade des pharaons », attendue depuis des mois, s’est finalement déroulée début avril, retransmise en direct sur les chaines du monde entier. Cette parade en grande pompe et sans public a suivi le parcours d’une dizaines de momies, transférées du Musée égyptien du Caire au Musée national de la Civilisation Égyptienne d’al-Fustat. Des rumeurs ont alors fait état d’une malédiction qui se serait abattue l’Égypte, causée par le déplacement des momies, après que de nombreux accidents aient secoué le pays tout au long du mois.

Une malédiction sur l’Égypte ?

Le Canal de Suez bloqué  

Le monde entier a également eu les yeux braqués sur Suez ce mois-ci, alors que le porte-conteneur Ever Given a bloqué pendant plusieurs jours toute la circulation maritime dans le canal, et ainsi 12 % du commerce mondial et 10 milliards de dollars de marchandises. Le délicat sauvetage du cargo, qui a duré 6 jours, a été mené par l’Autorité du canal de Suez, assistée le dernier jour par la société de sauvetage néerlandaise Royal Boskalis Westminster. Les autorités du canal, qui ont perdu entre 13 à 14 millions de dollars par jour pendant la crise, pourraient demander une compensation d’un milliard de dollars au propriétaire du navire.

Multiplication d’accidents

Le 26 mars, 32 personnes ont trouvé la mort dans un accident entre deux trains à Sohag, dans lequel 108 personnes ont également été blessées. Les deux conducteurs des trains qui sont entrés en collision ainsi que six cheminots ont été arrêtés au cours de l’enquête qui a suivie l’accident, et soumis à des tests de drogues. Ces arrestations surviennent alors que le Ministre des Transports a admis que le contrôle automatique de vitesse – qui permet aux tours de contrôle d’arrêter le train en cas d’évènement inhabituel – avait été désactivé par un des conducteurs lors de la collision. A cause de nombreux problèmes signalétiques qui font s’arrêter les trains à plusieurs reprises, notamment à l’entrée des gares, de nombreux conducteurs ont été encouragés à désactiver partiellement le contrôle automatique de vitesse pour éviter les retards. Cet énième accident intervient alors que ministre actuel, Kamel al Wazir, avait affirmé vouloir restaurer le réseau ferroviaire national lors de sa nomination après le limogeage de son prédécesseur Hisham Arafat suite à un accident à la gare Ramsès au Caire. Malgré cet apparent échec, Kamal al Wazir a refusé de démissionner, affirmant que sa démission serait une trahison de sa part.

Deux jours plus tard, au moins 25 personnes sont décédées dans l’effondrement d’un immeuble le quartier de Gezr Suez. Mi-mars, un incendie dans un immeuble occupé par une usine de vêtements et une usine produits chimiques dans la ville d’Obour, à Qalyubia, a tué 20 personnes et en a blessé 24 autres.

Des femmes au Conseil d’État ?

Le Conseil d’État a annoncé pour la première fois l’ouverture de postes aux femmes, au Conseil et au Parquet Général, suite aux propos du Président al-Sissi lors de la Journée de la femme, appelant à l’embauche de femmes au Conseil supérieur de la magistrature et au Conseil d’État.

Les femmes juges qui occupent déjà des postes au sein du Parquet administratif et de l’Autorité nationale du contentieux pourront désormais demander à être transférées au Conseil d’État, à des postes de deuxième et troisième rangs (rôles de délégué et d’adjoint).

Cependant, il ne semble pas que les femmes diplômées en droit puissent y accéder. A l’inverse de leurs collègues masculins, les femmes de la promotion 2020 n’ont pas pu candidater aux postes de délégué adjoint au Conseil d’État, leurs numéros d’identification nationaux n’ayant pas été reconnus lors de la soumission de leurs candidatures.

Le Conseil d’État, constitué d’environ 3000 juges, est en charge de régler les litiges administratifs, examiner les lois et décisions législatives. En février 2010, l’assemblée générale du Conseil d’État avait pris la décision de ne pas employer de femmes. A l’été 2020, l’Égypte ne comptait que 66 femmes juges sur 12 000 juges en exercice…

Levée des sanctions européennes sur les avoirs de la famille Moubarak 

Le Conseil de l’Union européenne a annoncé mi-mars sa décision de lever les sanctions prises à l’encontre de neuf personnes « identifiées comme responsables du détournement de fonds publics égyptiens », dont des membres de la famille de l’ancien président Hosni Moubarak. Ces mesures, adoptées en 2011 afin « d’aider les autorités égyptiennes à recouvrer les biens publics détournés », comprenaient le gel des avoirs de ces individus dans l’UE, et l’interdiction pour les ressortissants de l’UE de mettre des fonds à leur disposition. En décembre dernier, une décision de la Cour européenne de justice avait déjà annulé le gel des avoirs européens de Moubarak. La famille Moubarak a réagi à cette dernière décision en annonçant vouloir lancer des poursuites contre l’UE pour obtenir une compensation pour leur inclusion injustifiée sur cette liste. Par ailleurs, l’interdiction faite à Gamal et Alaa Moubarak d’exercer leurs droits politiques pendant six ans prendra fin en octobre prochain.

Les nouvelles du GERD

L’Éthiopie dénonce l’intégration de nouveaux acteurs aux négociations comme une insulte envers les efforts de l’Union africaine pour résoudre ce conflit depuis près de 10 ans. Elle a ainsi refusé l’intervention de nouveaux médiateurs, souhaitant privilégier une gestion « africaine » de la crise. L’Égypte et le Soudan ont pour leur part saluer l’investissement des Nations Unies sur le dossier. L’Égypte soutient également une intervention de l’Union européenne. En parallèle, elle opère un rapprochement avec le Congo qui vient de prendre la tête de l’Union africaine. L’Arabe Saoudite semble aussi volontaire pour s’investir dans les négociations. Alors qu’un rapprochement s’opère entre l’Égypte et le Soudan, les deux pays ont une fois de plus rappelé leur rejet d’une décision unilatérale de la part de l’Éthiopie de remplir le barrage. Le Soudan demande à ce que le remplissage prenne au moins 2 mois. Le ministre éthiopien de la Ressource en eau a précisé que les travaux du barrage étaient finis à 79 % et se poursuivaient comme prévu. Il a aussi annoncé que la 2ème phase de remplissage se ferait dans les temps impartis et ne serait retardée sous aucun prétexte.