Dr. Anis Chaaya (1962-2021)

L’Institut français du Proche-Orient a appris avec une immense tristesse le décès du Dr. Anis Chaaya, archéologue, universitaire et défenseur du patrimoine culturel du Liban.

Anis Chaaya avait été pensionnaire scientifique étranger (2008-2012) à l’Ifpo ainsi que chercheur associé au département d’archéologie. Sa disponibilité et son soutien aux activités de l’Ifpo ont été constantes au fil des années, participant même à plusieurs opérations archéologiques à Tell Arqa ou à Ardeh.

Anis Chaaya était professeur en archéologie à l’Université Libanaise, coordinateur des masters et de l’unité de recherche en Art et Archéologie. Ses recherches portaient principalement sur l’archéologie et les installations militaires au Proche-Orient médiéval. Il a été notamment directeur du projet archéologique de l’Université libanaise au château de Jbeil / Byblos et des fouilles à l’est du château de Tripoli.

Titulaire d’un doctorat en Langues, Histoire, Civilisations des Mondes Anciens et Archéologie de l’Université Lumière – Lyon 2, sa thèse portait sur la période médiévale au Liban : architecture militaire et religieuse, centres urbains, établissements troglodytes, matériaux de construction, histoire géographique et étude du paysage.

Anis Chaaya était un défenseur du patrimoine libanais, assumant entre 1996 et 1999, la responsabilité du district du Liban Nord à la Direction Générale des Antiquités du Liban.

Trésorier et membre du bureau exécutif d’ICOMOS-Liban (Conseil international des monuments et des sites), il siégeait également comme membre du Conseil international des musées (ICOM) depuis 1999. Il a également fait partie de l’équipe de l’UNESCO pour le « Projet de fouilles archéologiques du centre-ville de Beyrouth » (1993-1996), a œuvré auprès de cette même institution pour le classement de « La Vallée Sainte de la Qadisha et la Forêt des Cèdres de Dieu » sur la Liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO (Référence 850 en 1998). Sa connaissance hors pair du patrimoine libanais lui a valu d’être à de nombreuses reprises consulté sur de grands projets nationaux, notamment en tant que conseiller du Ministre de la Culture pour les fouilles archéologiques du quartier central de Beyrouth en 2011, de la Banque Mondiale pour les projets concernant les sites de Baalbek, Tyr et le château de Tripoli, et de l’Union européenne au sujet du château de Tebneen et de la réhabilitation des sites et des sentiers de la vallée de la Qadisha.

Son expertise a été sollicitée au niveau international pour des projets de conservation d’envergure : « Land of Frankincense Museum » Salalah – région de Dhofar – Sultanat d’Oman (2005) ; la ville historique de Hael au Royaume d’Arabie Saoudite (2005) ; la ville de Palmyre – Syrie (2006).

Depuis 2018, l’Ifpo avait entamé une collaboration avec son département à l’UL pour réaliser l’étude du matériel céramique provenant des fouilles archéologiques aux châteaux de Jbeil et Tripoli, sous sa direction.

L’Ifpo et le monde de l’archéologie libanaise regretteront ce collègue, passionné par l’histoire du Liban et qui a tant fait pour la protection et la mise en valeur du patrimoine culturel de son pays.