Revue de presse Ville, mobilités, environnement | février 2021

Les villes égyptiennes et la COVID-19

Le Premier ministre a expliqué devant le Parlement que le pays n’avait pas les moyens de supporter un confinement qui générerait une grande précarité sociale.

Par ailleurs, les prières collectives de nuit du Ramadan (Taraweeh), qui débute à la mi-avril, ont été autorisées dans certaines mosquées qui devront appliquer des mesures de distanciation.

Renouvellement urbain

Renouvellement et embellissement urbain au Caire

Alors que de nouveaux projets sont prévus, le gouverneur du Caire a assuré qu’aucun bâtiment, quel qu’il soit, ne serait détruit dans les quartiers du Darb el-Ahmar et de la Gamaliyya. L’UNESCO apporte un soutien technique au gouvernement égyptien pour les projets de développement du Caire historique. Le Premier ministre a annoncé une stratégie de préservation du bâti urbain dans ces quartiers. Plusieurs projets de restauration de bâtiments historiques sont en cours, notamment sur le Sabil Ruqayya Dudu.

Suite à certaines rumeurs, le gouvernement a démenti avoir pour projet de déplacer les marchés d’Ataba et du Muski pour vendre des terrains à des investisseurs étrangers. Plusieurs espaces verts et de loisirs sont en cours de réalisation ou de rénovation. À Zamalek, le parc Andalous fait l’objet de travaux, notamment pour l’installation d’un nouveau réseau d’irrigation. Par ailleurs, le projet d’Ain El-Sira serait terminé à 95 % d’après le ministère du Logement. Le projet comprend entre autres une cafétéria et des restaurants situés en face du Musée des Civilisations, mais aussi un parc de loisirs pour enfants, une marina, l’aménagement du lac et d’une île.

 

Protestation contre les projets d’infrastructures

Des voix s’élèvent contre les projets de construction d’infrastructures à Héliopolis alors qu’un nouveau pont autoroutier est en projet. D’une longueur de 2 kilomètres, il devrait longer la place Ismaïlia, passer par Salah el-Din, puis juste devant la basilique de la Vierge Marie qui est pourtant classée. La loi interdit tout aménagement qui nuirait à la vue sur le bâtiment. Il devrait se terminer au niveau du Club sportif d’Héliopolis. L’initiative Heliopolis Heritage a rédigé une pétition contre le projet. 7 000 personnes l’ont signée avec leur numéro national et plusieurs dizaines de milliers d’autres sans. Après avoir annoncé son soutien aux opposants au projet Cairo Eye à Zamalek, Amr Moussa, ancien ministre sous Moubarak et ancien secrétaire général de la Ligue Arabe, s’est aussi prononcé contre la construction de l’autopont. L’association des architectes égyptiens a publié une déclaration dans laquelle elle qualifie le projet de « désastre ». Des habitants envisagent également une action en justice. Alors que les travaux d’excavation avaient commencé, ils ont été suspendus le temps d’étudier des alternatives. À la suite de ces débats et de publications sur les réseaux sociaux, le gouvernement s’est défendu d’envisager la destruction de palais du quartier pour construire d’autres infrastructures routières.

Selon un entretien publié dans Daaarb, ces projets questionnent le maintien de l’intégrité patrimoniale du centre historique de la capitale. Ils ne sont pas les seuls à émouvoir l’opinion publique égyptienne. L’annonce de l’installation d’une grande roue à Zamalek le mois dernier (voir Revue de presse de janvier 2021) a suscité de nombreux débats qui se sont invités jusqu’au Parlement. Face à ces critiques, le ministre du Tourisme et des Antiquités lui-même a pris ses distances vis-à-vis du projet.

 

Réduire l’habitat non-réglementaire et reloger

Un incendie dans un immeuble de 13 étages, comportant 108 appartements dans le quartier de Faysal (Giza) a mis une fois de plus sur le devant de la scène médiatique la question des constructions non-réglementaires. L’incendie a duré plus de 5 jours et a en partie coupé la circulation sur le périphérique en bordure duquel l’immeuble était situé. Il n’a fait aucune victime, mais a suscité de nombreuses réactions politiques et médiatiques.

Plusieurs projets de destruction de quartier d’habitat spontané et de relogement ont été menés durant le mois de février. Dans le Vieux Caire, 40 % des habitations du quartier informel de Bani Hilal situé entre l’axe de Magra el-Uyun et la rue Salah Salem ont été démolis. La plupart des familles vont être transférées dans des logements meublés du quartier d’Asmarat. Le gouvernorat du Caire a payé pour leur transport. Un article de Youm7 montre quelques images de l’opération. Un autre projet concerne le quartier d’Izbet el-Hagana à l’Est de la capitale. Des familles ont été transférées dans le quartier d’Al-Mahrousa à proximité d’Al-Obour. Le gouvernement et le gouvernorat du Caire ont démenti avoir procédé à leur évacuation dans l’objectif de développer des projets d’investissement sur la zone. Ce quartier d’Izbet el-Hagana va être renommé « Ville de l’Espoir ».

En outre, et sans être exhaustif, 1 380 familles ont été déplacées et 390 habitations détruites pour permettre l’élargissement du périphérique à Al-Basateen. En compensation, l’Autorité des Routes a versé 1,5 milliards de livres aux famille touchées par le projet qui s’étend sur 106 kilomètres. Des prix ont été fixés en fonction du type d’utilisation des terres (agriculture ou logement).

Les opérations de relogements par la construction de nouveaux quartiers à l’extérieur des villes-centres participent d’un objectif de limitation de la croissance dite informelle des grandes villes du pays. En ce sens, le Premier ministre prévoit l’aménagement de 500 000 logements dans le cadre de l’initiative « Loger tous les Égyptiens ». Cette dernière a fait l’objet d’un accord avec la Banque centrale pour obtenir un financement de 60 milliards de livres. Le Fonds de développement des quartiers non-réglementaires a d’ailleurs annoncé que 42 projets similaires à Asmarat sont en cours dans 14 gouvernorats. Le président Abdel Fattah al-Sissi a précisé que régler définitivement la question de la construction spontanée en Égypte coûterait 3 à 4 milliards de livres égyptiennes. Le Fonds de développement des quartiers non-réglementaires a ajouté que la construction d’un million de logements, elle, coûterait 400 milliards de livres. Le Premier ministre a pour sa part rappelé que la création de villes nouvelles avait pour objectif d’offrir un logement décent à l’ensemble de la population.

 

Investissements dans les villes nouvelles

La compagnie immobilière Sky Abu Dhabi Real Estate Development Compagny a acquis 24 feddans dans la Nouvelle Capitale Administrative sur lesquels elle a décidé d’investir 4 milliards de livres égyptiennes pour construire des logements haut-de-gamme et de luxe. Ceux-ci ne dépasseront pas les 8 étages selon la réglementation en vigueur et seront destinés à des Égyptiens résidants, mais aussi aux Égyptiens à l’étranger et à des Émiratis. La société prévoit d’investir 15 milliards de livres dans le pays d’ici 2 ans. La société immobilière émiratie DAMAC cherche également à s’implanter sur le territoire égyptien par des investissements dans la Nouvelle Capitale. La Babylon Compagny for Urban Development prévoit elle aussi d’investir 1 milliard de livres dans des projets immobiliers.

Le Président Abdel Fattah al-Sissi a inspecté un certain nombre de projets, notamment celui du centre islamique Misr qui comprendra l’une des plus grandes mosquées du monde. Elle pourra accueillir 105 000 fidèles. Il a aussi visité la future Chambre des Représentants, trois fois plus grande que le Parlement actuel, qui pourra abriter 1 000 membres.

À New Alamein, des parcelles ont été ouvertes aux investissements fonciers. Ces derniers s’élèveront à 30 milliards de livres égyptiennes d’après le ministre du Logement. Il a précisé qu’ils seraient à l’origine de la création de 200 000 emplois directs et indirects. Le ministre du Logement a également signé un contrat avec la Chine pour la construction de 5 tours résidentielles, dont certaines dépassant les 55 étages, surplombant un lac artificiel dans la ville.

Tourisme

Faire face à la crise économique

Le Fonds Monétaire International a souligné que le secteur touristique était le grand perdant de la crise du coronavirus en Égypte. Les marchés touristiques subissent notamment de plein fouet la crise économique.

Assurer la sécurité

Des murs de béton et de barbelés sont en cours de construction autour des stations balnéaires de la Mer Rouge au Sud du Sinaï, à la frontière avec le désert. L’objectif est de protéger ces sites stratégiques pour l’économie du pays et de rassurer les voyageurs étrangers.

 

Environnement

Gestion des déchets

Le ministère de l’Environnement a annoncé le lancement au mois de mars d’une nouvelle campagne « Our Beautiful Country » (جميلة يابلدى) pour accompagner la mise en œuvre de la loi sur les déchets solides. Le nouveau système a été implanté à 80 % dans le gouvernorat du Caire. La ministre a également souligné la création de 9 stations de collecte des déchets dans 6 gouvernorats. Elle a précisé que l’obtention d’un permis serait nécessaire au ramassage des ordures. 2 200 personnes auraient déjà fait une demande au cours des deux derniers mois.

Le ministre du Développement Local a présenté devant la Chambre des Représentants les efforts du gouvernement concernant ce nouveau système dont le coût s’élève à 12 milliards de livres sur 4 ans. Cette somme est répartie entre différents programmes : fermeture des décharges informelles, mise en place de stations intermédiaires fixes et mobiles de traitement des déchets, construction et développement d’usines de recyclage et de traitement, mise en œuvre de décharges sanitaires sûres. Un article d’Al-Masri al-Youm détaille ces différentes réalisations. La première phase du projet a déjà coûté 3 milliards de livres. Ces actions s’inscrivent dans les directives de l’ONU et dans le plan d’action « Égypte 2030 »

Sur le terrain, une délégation du ministère de l’Environnement a visité plusieurs sites au Caire. La décharge d’Al-Hajer à Edfou quant à elle devrait recevoir 175 tonnes déchets par jour d’ici le mois de mai.

 

Pollution de l’air

Le Conseil des ministres a approuvé le projet présidentiel d’accord de financement entre l’Égypte et la Banque internationale pour la reconstruction et le développement afin de lutter contre la pollution atmosphérique dans le Grand Caire. Cet accord prévoit un financement de 200 millions de dollars. Par ailleurs, une nouvelle station de surveillance des polluants atmosphériques a été installée à Port Saïd.

Concrètement, le gouvernement a annoncé la mise en place d’incitations « vertes » pour les propriétaires de voitures : le remplacement d’un vieux modèle par un modèle roulant au gaz naturel donnera lieu à une subvention de 10 % du prix du véhicule (jusqu’à 22 000 livres maximum) pour une voiture privée, de 20 % pour un taxi (45 000 livres maximum) et de 25 % pour un microbus (65 000 livres maximum).

Florian Bonnefoi