Revue de presse Gouvernance et politiques publiques | janvier 2021

Coronavirus 

Campagne de vaccination

La campagne de vaccination contre le Covid-19 a commencé fin janvier en Égypte, priorisant le personnel médical qui travaille dans les hôpitaux d’isolement. A la fin janvier, 1315 membres du personnel médical ont reçu la première dose du vaccin Sinopharm, d’après le ministère de la santé. Certains médecins ont préféré attendre que d’autres vaccins soient disponibles comme celui développé par Pfizer ou encore le vaccin Oxford AstraZeneca. Une première cargaison de 50 000 doses d’AstraZeneca est par ailleurs finalement arrivée début février en Égypte. Des essais cliniques du vaccin russe Spoutnik V devraient également être lancés prochainement en Égypte.

Le programme de vaccination pour la population prévoit d’être payant (100 EGP par dose distribuée), à l’exception des personnes âgées, des personnes à risques et des individus enregistrés sur les programmes d’aides sociales étatiques (Takaful et Karama) pour lesquels le vaccin sera gratuit. Le Fond « Vive l’Égypte » et le groupe Talaat Mostafa ont signé un protocole avec le ministère de la santé afin de financer une partie de la campagne afin de fournir le vaccin à 2 millions de personnes, parmi les plus défavorisés.

Ceux qui souhaitent recevoir le vaccin doivent s’inscrire via un site internet, qui n’est pour l’instant pas encore indisponible.

Oxygène

Il semblerait que les autorités négocient avec des compagnies saoudiennes pour importer de l’oxygène liquide pour les hôpitaux, alors qu’une pénurie d’oxygène avait causé la mort de six patients début janvier. La consommation quotidienne d’oxygène dans le pays serait passée de 400.000 litres à 500.000.

Éducation

Depuis début janvier, les cours ont été exclusivement tenus en ligne et les examens universitaires ont été partiellement repoussés. Les vacances de mi- trimestre ont été étendues au 20 février pour les universités, en attendant que la diminution du nombre de contamination.

Réformes du secteur public

Annonce de la liquidation de la Société Égyptienne de fer et d’acier

Après des mois de suspens, la liquidation de la Société Egyptienne Iron & Steel a été finalement annoncée mi-janvier par le président de la Société des industries métallurgiques, qui appartient au ministère des entreprises publiques, et qui possède plus de 83 % des actions d’Iron & Steel.

En mai 2019, le Ministre des entreprises publiques, Hisham Tawfiq, avait formé un comité, dirigé par l’ancien premier ministre Sherif Ismail, pour étudier l’état de la compagnie afin de déterminer son sort, sans cependant inclure de membres du personnel de l’entreprise. En février dernier, Hisham Tawfiq avait déjà mentionné la possibilité d’une liquidation, qui a donc finalement été annoncée après l’échec de plusieurs plans visant à sauver l’entreprise. Symbole de l’industrialisation égyptienne postcoloniale créé il y a 67 ans, l’entreprise est minée par de multiples problèmes – coûts de production, dettes, baisse de la production à cause du matériel dégradé, déclin de la main d’œuvre (causée successivement par des plans retraites anticipées et la suspension de nouvelles embauches).

L’avenir des activités d’Iron & Steel demeure flou si l’entreprise venait à être liquidée. Celles-ci pourraient être réparties entre deux compagnies, l’une qui reprendrait la transformation du fer et de l’acier, et une autre l’extraction minière.  Seuls 400 de leurs employés …seulement de ses employés devraient conserver leurs postes, sur 7500. Hisham Tawfiq a affirmé que chaque employé recevrait des indemnités de départ qui s’élèveraient à 225.000 EGP minimum.

Réactions et protestations

Près de 4000 employés de l’entreprise ont réagi en organisant un sit-in devant le siège de la compagnie à Helwan, qui s’est étendu sur plusieurs jours. Cette liquidation a également été condamnée lourdement par de nombreux acteurs de la société civile, des syndicalistes, des économistes et des parlementaires et sénateurs. Plusieurs parlementaires ont en effet demandé la création d’un comité pour enquêter sur la décision. Le député Mostafa Bakry a également demandé une audition à la Chambre des représentants pour interroger le ministre des entreprises publiques Hisham Tawfiq sur la décision de liquidation, l’accusant de servir le secteur privé et de vendre les entreprises publiques déficitaires à bas prix. Le sénateur Yasser al-Hudhaiby a également déposé une requête pour enquêter sur la décision, demandant au gouvernement de divulguer des informations sur les pertes qui justifieraient sa décision de liquider.

La Fédération des syndicats égyptiens a également demandé de son côté au gouvernement de former un comité national afin d’enquêter sur l’état véritable de l’entreprise et les raisons qui ont poussé les autorités à finalement abandonner les plans de sauvetages. La Fédération a appelé les autorités à trouver une solution alternative, puis a annoncé qu’elle allait porter plainte pour arrêter la procédure.

Enfin, une plainte contre la décision de liquidation a été déposée par un membre du Conseil administratif de l’entreprise et un employé de l’entreprise au Conseil d’État. Déposée contre le Premier ministre, le Président de l’Autorité générale pour l’investissement, le Ministre des entreprises publiques, le Président de la Société des industries métallurgiques et le Président de l’assemblée générale de la société, la plainte demande l’annulation immédiate de la décision de liquidation.

Réglementation des ONG

Après un délai de dix mois, la décision sur la réglementation des ONG a enfin été publiée dans la gazette officielle. Bien qu’une version amendée de la loi sur les ONG, initialement adoptée en 2017 et amplement critiquée par de nombreuses organisations internationales, avait été votée par le Parlement en juillet 2019 (et également décriée), les règlements exécutifs relatifs à ces amendements n’avaient pas encore été publiés.

D’après cette décision, qui comprend 188 articles, les associations ont jusqu’au 12 janvier 2022 pour mettre à jour leur statut conformément à cette nouvelle réglementation. Il existe désormais deux moyens pour régulariser les statuts associatifs. Les ONG qui sont déjà enregistrées auprès du Ministère de la solidarité sociale peuvent directement lui soumettre leurs documents. Celles qui ne sont pas déjà enregistrées seront assignées à une « sous-unité » au sein du ministère qui informera les organisations de la date à laquelle elles pourront présenter leur candidature. Cette unité pourra également se renseigner sur toutes les entités qui sont déjà autorisées par les organismes publics à pratiquer un travail civil, et exiger qu’elles régularisent leurs situations en vertu de cette nouvelle réglementation, sous peine d’annuler leurs autorisations. Il n’est pas encore précisé qui sera nommé à la tête de cette sous-unité.

Renouer avec le Qatar

L’Égypte, l’Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis et le Bahreïn ont finalement renoué leurs relations diplomatiques avec le Qatar. Pendant près de trois ans, ce dernier avait été mis au ban par l’Égypte et les pays du Golfe, accusé de soutenir des groupes qualifiés de terroristes par ces pays, comme les Frères musulmans. Les liaisons aériennes entre l’Égypte et le Qatar ont ainsi rouvert en janvier, après avoir été bloquées en juin 2017 suite au blocus aérien mis en place par la coalition susmentionnée.

Encore et toujours…. Le GERD !

Les conflits en Éthiopie continuent d’influencer les négociations autour du GERD. Fin décembre, l’Égypte, a réitéré son soutien au Soudan dans le cadre des attaques perpétrées à sa frontière par des militaires éthiopiens. Un article d’Al-Ahram Weekly a fait un récapitulatif des difficultés rencontrées depuis 2011 pour parvenir à un accord. Le Soudan réclame que celui-ci soit contraignant. Il craint les impacts environnementaux (sécheresses) et économiques (notamment sur la production d’électricité) pour sa population. Il souligne qu’après les avancées réalisées au mois de juin, les discussions stagnent. Alors qu’elles avaient repris le 3 janvier après un mois d’interruption, le Soudan a annoncé ses réserves quant à sa participation à la réunion interministérielle tripartite du 4 janvier. Il a finalement refusé d’y participer ce qui a poussé l’Égypte et l’Éthiopie à annuler la rencontre. L’Éthiopie a déclaré qu’elle refuserait tout accord qui chercherait à limiter ses droits d’utilisation de l’eau du Nil. Alors que l’Afrique du Sud va laisser la présidence de l’Union africaine à la République Démocratique du Congo, l’Égypte espère que ce nouvel acteur permettra de faire pencher la balance en sa faveur. Néanmoins, l’Égypte et l’Éthiopie refusent d’accorder un poids plus important à l’Union africaine dans les négociations comme le souhaiterait le Soudan. Ce dernier appelle un investissement plus important de la communauté internationale et notamment des Nations Unies pour empêcher l’Éthiopie de commencer le remplissage du barrage au mois de juillet. Le ministre des Affaires étrangères égyptien a lui aussi prévenu que la communauté internationale devait se tenir prête à intervenir sur ce dossier. Une nouvelle fois donc, les négociations n’ont pu aboutir. Le ministre de l’Irrigation et de la Ressource en eau égyptien blâme l’intransigeance éthiopienne pour cet échec, mais également le Soudan qui s’est retiré à plusieurs reprises des négociations.