Atelier Recherche du CEDEJ
L’activisme religieux féminin dans la dernière décennie
Naïma Bouras, doctorante en sociologie à l’université Lumière Lyon II, et doctorante associée au CEDEJ
Le 8 décembre 2020 à 18h00
Webinaire
En Égypte, comme dans les autres pays musulmans, le renouveau islamique a ouvert des opportunités nouvelles à de nombreuses femmes (étudiantes, actrices, fonctionnaires…) qui souhaitaient s’investir dans le champ religieux. A partir des années 70, l’activisme religieux féminin a connu une croissance et des transformations importantes qui ont eu des effets majeurs sur l’histoire religieuse des pays de la région.
Les révolutions de 2011 ont donné une visibilité et ont montré la capacité de mobilisation et d’organisation de ces femmes, les inscrivant comme des acteurs ou des agents actifs du projet islamique de masse. Ce phénomène interroge l’agentivité des femmes occupant une place symbolique importante dans des structures qui véhiculent un discours conservateur fort et qui promeuvent une répartition patriarcale des rôles. Ce workshop souhaite ainsi questionner les capacités d’agir des femmes actives dans les milieux religieux à travers une analyse des formes de résistances et des outils de dépassement de soi, qu’elles mobilisent.
Au cours de ce workshop, nous discuterons ainsi avec trois chercheuses qui se sont appuyées sur des itinéraires de militantes pour analyser ces phénomènes.
Florie Bavard, doctorante en anthropologie, discutera avec nous des femmes bloggeuses égyptiennes, dans leur narration du soi religieux/ou anti-religieux, durant la période post-révolutionnaire. Une narration que la chercheuse inscrit dans le sillage d’une tradition ancienne des cercles littéraires arabes.
Erika Biagini, sociologue, présentera son travail sur la complexité de l’engagement religieux féminin dans la Confrérie des Frères musulmans, en Égypte. Elle évoquera le rôle clé qu’ont joué les femmes de la Confrérie dans les mobilisations électorales et les opportunités qu’elles ont eu d’étendre leur influence dans la sphère politique égyptienne.
Et enfin Anca Munteanu exposera ses recherches sur l’activisme des Sœurs musulmanes Tunisiennes et Marocaines au niveau local à travers un travail associatif, puis national à travers un engagement partisan.
Biographies :
NAÏMA BOURAS est doctorante en sociologie à l’université Lumière Lyon II, et doctorante associée au CEDEJ (Le Caire). Son travail de thèse porte sur les différentes formes d’engagements féminins dans les mouvements salafistes en Égypte. Elle tente de comprendre l’évolution des rôles et de la place des femmes dans les mouvements salafistes égyptiens et islamistes en général. Ce travail lui permet, entre autres, de faire une analyse de l’histoire religieuse du pays à travers la mise en perspective des itinéraires d’actrices engagées dans les organisations islamistes.
FLORIE BAVARD est doctorante contractuelle en anthropologie à l’université Paris 7 (Université Paris Diderot–Sorbonne Paris Cité, URMIS–CRH). Elle a suivi une formation en littérature (Paris IV) puis en sciences sociales (EHESS). Sa recherche actuelle, menée sous la direction de Jocelyne Dakhlia (EHESS- CRH) et de Nicolas Puig (IRD-URMIS), s’intitule « Corps et représentations en Égypte, 1860-2014 ». Elle a réalisé et co-produit, en 2017, un webdocumentaire sous forme d’abécédaire interactif sur le genre : Womanhood, an Egyptian Kaleidoscope.
ERIKA BIAGINI is Assistant Professor in Security Studies in the School of Law and Government at Dublin City University. Her area of expertise lies at the intersection of Islamism, gender, and politics. Since the 2010-2011 Arab uprisings, she has been conducting research on the Egyptian Muslim Brotherhood and the activism of its female members, the Muslim Sisterhood, with the scope of tracing the evolution of their activism, gender politics and feminist identities. Her current research assesses the development of feminist subjectivities and identities of Islamist women activists, the gender politics and sexuality of Islamist movements, and the evolution of the Egyptian Muslim Brotherhood since the 2013 repression.
ANCA MUNTEANU est chercheuse post-doctorante au sein de l’ERC TARICA rattachée au laboratoire Ladyss-Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle est titulaire d’un doctorat obtenu en 2019 à l’Ecole doctorale de sciences juridiques de l’université de Grenoble en cotutelle avec l’Ecole doctorale de sciences poli- tiques de l’université de Bucarest. Sa thèse a été consacrée à l’étude de l’idéologie et du rapport au pouvoir du parti islamiste Ennahdha dans une perspective comparée avec le Parti de la justice et du développement (PJD), au Maroc. Dans le cadre de l’ERC TARICA ses recherches sont consacrées à l’in- tégration au champ politique de ces deux partis et au processus qui en découle en interne : fragmentation, formes d’organisation, rôle des femmes, etc.