L’émigration-immigration comme « fait social total »

Il y a vingt ans Abdelmalek Sayad nous quittait. Son œuvre, qui s’étend sur près de 40 années d’enquêtes et une centaine de publications, a très largement contribué au renouvellement des regards et des pratiques scientifiques sur le phénomène migratoire et sur un ensemble d’objets de première importance pour les sciences sociales. La volonté d’Abdelmalek Sayad de ne jamais dissocier les logiques sociales produisant l’émigration des formes de recomposition des collectifs à l’œuvre dans toute immigration, mais surtout son attachement à décrire de part et d’autre de la Méditerranée les modalités et les contours d’une « double absence », ont rencontré un large écho dans le monde académique et plus largement dans le monde militant, associatif et intellectuel.