Sous le patronage du GIS Moyen-Orient et Mondes musulmans, et à l’occasion de son premier congrès, la Bibliothèque universitaire des langues et civilisations (BULAC), l’École des hautes études en sociales (EHESS) et l’Institut d’études de l’Islam et des sociétés du monde musulman (IISMM) organisent l’exposition TYPOGRAPHIAe ARABICAe en partenariat avec le CNRS (ERCSTG IGAMWI) et l’INALCO et avec le soutien de l’éditeur Brill.
L’exposition se tiendra, du 15 juin au 8 août 2015, dans la galerie du Pôle des langues et civilisations et les salles de lecture de la BULAC.
Commissariat : Fanny Gillet, Alain Messaoudi, Perin Emel Yavuz (ARVIMM – Groupe de recherche sur les arts visuels du monde musulman Maghreb et Moyen-Orient)
Inauguration le 15 juin à 18h30
La typographie de la lettre arabe, ce qui fait la matière même du texte, mérite d’être observée en elle-même. La typographie, à l’instar de la calligraphie, possède une esthétique propre et une beauté rigoureuse et minutieuse que l’exposition TYPOGRAPHIAe ARABICAe se propose de mettre en lumière.
Cette exposition a été envisagée pour sensibiliser un large public à la vitalité de la création typographique actuelle des pays d’écriture arabe, entre le Maroc et l’Iran, en s’inscrivant dans une perspective historique, en particulier depuis le développement de l’imprimerie. Son objectif est de contribuer à rendre plus visible un champ de la création encore méconnu malgré son dynamisme et son affirmation récente. Et parce que ce champ s’inscrit dans une histoire encore à écrire, un second volet propose d’en poser les premiers jalons depuis l’invention de l’imprimé jusqu’à l’époque contemporaine.
En partant du présent, dans la galerie du Pôle des langues et des civilisations, l’exposition propose au visiteur de découvrir les travaux d’artistes et de graphistes-typographes contemporains, en mettant notamment à l’honneur Reza Abedini (Beyrouth, Liban), Nadine Chahine (Berlin, Allemagne), Mourad Krinah (Alger, Algérie), Naji El Mir (Paris, France), Iman Raad (New York, Etats-Unis), Bahia Shehab (Le Caire, Egypte), Fenna Zamouri (Bruxelles, Belgique).
Le travail de ces créateurs, tous sélectionnés pour leur rôle de pionniers dans un champ en pleine évolution, traduit la réflexion actuelle autour de la lettre arabe et l’innovation graphique qu’ils y apportent.
Cette partie contemporaine de l’exposition se poursuit dans les espaces de la BULAC, au rez-de-chaussée de la bibliothèque, en s’attachant à valoriser certains travaux fondateurs tels que ceux de Roberto Hamm, un des premiers à avoir pensé une typographie arabe moderne dans le contexte de l’Algérie de la fin des années 1960 et des années 1970.
Le parcours, en remontant le temps, dévoile au regard du visiteur une sélection d’affiches produites dans ces régions, dans les années 1960 et 1970. Elles sont le reflet de cette période d’engagements politiques et de grande inventivité graphique et retiennent le regard par leur puissance narrative et leurs couleurs. Le conflit israélo-palestinien et la guerre d’indépendance algérienne suscitent des engagements qui trouvent dans le support de l’affiche un moyen simple et peu coûteux pour diffuser leurs idées. A partir des années 1980, alors que l’ordinateur remplace la machine à écrire et que de nouvelles technologies se développent, les recherches sur les formes de la lettre imprimée arabe restent travaillées par la question des conditions de développement des systèmes politiques démocratiques.
Au rez-de-jardin de la salle de lecture, l’émotion visuelle s’accompagne d’une mise en perspective historique. La langue et son écriture ont été des enjeux politiques, que ce soit au XIXe siècle ou au lendemain de la Première Guerre mondiale. Pouvait-on développer une typographie adaptée à une massification de l’imprimé ou fallait-il adopter des caractères latins ? Reproductions et documents originaux, issus de la collection des livres rares et précieux de la BULAC, présentent les grandes phases de la typographie de la lettre arabe, de la xylographie au Modulex en passant par l’extraordinaire typographie médicéenne. À travers ces collections d’imprimés anciens, l’exposition propose ici un retour vers les expériences qui ont eu lieu en Europe et dans l’Empire ottoman entre le XVIe siècle et le début du XIXe siècle. Le développement de l’imprimé et l’élaboration de modèles typographiques ont soulevé de profondes questions culturelles, religieuses et politiques, au-delà du monde professionnel des typographes et des contraintes techniques auxquelles ils se sont confrontés.
La mécanisation de l’écriture d’une langue, l’arabe, qui, pour les musulmans, est celle de la Révélation, continue de susciter des résistances dans les milieux traditionalistes. En raison des ligatures de l’écriture arabe, sa reproduction mécanique a représenté par le passé un vrai défi technique. Celui-ci reste actuel encore aujourd’hui, les typographes contemporains travaillant à la conception de nouvelles polices de caractères en utilisant les moyens des nouvelles technologies.
Allons-y
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