Après les attentats, les sciences humaines se mobilisent

Patrice Bourdelais
Patrice Bourdelais, directeur de l’Institut des sciences humaines et sociales du CNRS. © Délégation PMA

«CNRS Le journal» lance une série d’articles sur la laïcité, les religions et les phénomènes de radicalisation. Aujourd’hui, Patrice Bourdelais, directeur de l’Institut des sciences humaines et sociales du CNRS, revient sur les abondantes recherches déjà réalisées dans le domaine et expose les mesures à prendre d’urgence.

Au lendemain des attentats de Paris, perpétrés les 7, 8 et 9 janvier 2015, les médias ont beaucoup parlé – ou reparlé – de la radicalisation religieuse, de la jeunesse des banlieues, de la pratique religieuse et de ses relations à la citoyenneté. Ces questions n’ont pas surgi brutalement début janvier…
Patrice Bourdelais :
En effet, depuis au moins une quinzaine d’années, les chercheurs en sciences humaines et sociales (SHS) ont conduit beaucoup de recherches sur ces thématiques, publiées sous la forme d’articles et de livres. Elles ont révélé de nombreux processus reliés entre eux, notamment ceux de la ségrégation sociale, des difficultés dans les écoles, de la radicalisation religieuse dans les prisons ou dans certains quartiers. Mais il me semble qu’en dépit d’une production de grande qualité et de publications signalant les risques, les résultats de ces recherches ont en réalité trouvé peu d’échos durables au-delà du cercle des spécialistes. Ces travaux ont rarement abouti à des actions concrètes parce qu’ils analysaient des processus complexes qui ne correspondaient peut-être pas aux attentes des politiques ou qui auraient demandé des politiques malaisées à mettre en place.

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